(VOVworld) - Autrefois, les jeunes de la minorité ethnique Nung ne pouvaient pas choisir celui ou celle qui allait partager leur vie, car leurs parents décidaient pour eux. Ce n’est plus autant le cas, aujourd’hui, certaines de ces pratiques archaïques étant en voie de disparition. Mais heureusement, le groupe a su jalousement préserver ses belles traditions nuptiales.
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Photos: Bao Cao Bang |
Les jeunes Nung commencent à faire leurs premières rencontres amoureuses à l’âge de 15-16 ans en moyenne, quand ils partent travailler aux champs et surtout dans les fêtes. Leurs chants folkloriques Sli et Luon les aident à exprimer leurs sentiments à l’égard d’une éventuelle âme sœur. Leurs parents leur laissent faire le choix de la personne élue, tout en gardant le dernier mot. Luong Van Thiet, spécialiste de cette ethnie au musée d’Ethnographie du Vietnam, à Hanoi, explique :
«Lorsque le jeune Nung a trouvé la fille avec qui il veut se marier, il doit lui demander un objet en cadeau, comme signe de confiance. Ce peut être un chapeau, un bracelet ou une écharpe, par exemple. Il en est de même pour la prétendante. Les deux amoureux informent ensuite leurs parents respectifs, lesquels vont se renseigner sur la famille de leur futur gendre ou bru. C’est très important, côté soupirant, de savoir si sa future épouse est en bonne santé, dans la perspective de la procréation. Si sa famille est nombreuse, il y a de fortes chances qu’elle aura, elle aussi, une belle progéniture.»
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Une fois ce travail de vérification accompli, les deux parties entament les préparatifs du mariage. Celle de la jeune femme peut réclamer autant d’offrandes qu’elle veut pour les cérémonies qui vont se succéder. Elles comprennent la première rencontre officielle entre les deux groupes et la demande en mariage, lesquelles peuvent être espacées de plusieurs mois. Il y a aussi les noces évidemment, et le premier retour de la mariée chez ses parents. On se met préalablement d’accord sur les cadeaux, sur la dot de la mariée, et sur la date de l’accueil chez son futur conjoint.
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Une festivité de noces Nung, en bonne et due forme, peut durer trois jours. La famille du jeune homme choisit un monsieur chargé d’accueillir sa femme, et celle de cette dernière en sélectionne un autre pour l’accompagner chez son mari. Ces messieurs sont forcément heureux dans leur vie conjugale (et ne peuvent pas être veufs), et doivent aussi avoir eu des garçons aussi bien que des filles. Loc Cong Hung, habitant Lang Son, a déjà assumé ce rôle prestigieux :
«Pour l’accueil de la mariée, la famille du futur conjoint doit présenter un porc rôti. Et lorsque celui-ci amène sa promise chez lui, il doit y avoir du riz gluant et un poulet. Les messieurs chargés de l’accueil et de l’accompagnement se rencontrent la veille au soir pour préparer la cérémonie.»
Le jour J, la délégation du futur époux se rend chez l’élue de son cœur. Elle est conduite par le monsieur «accueil» et par une femme sensée rappeler la félicité de la famille du garçon. Celui-ci est accompagné de ses amis, dont deux jeunes hommes amenant un porc rôti et un autre le riz gluant. Il y a aussi une fille avec sur ses épaules une palanche pour porter huit coqs castrés, un poulet bouilli, une bande de soie rose et un beau tissu.
Lorsque le joyeux cortège parvient chez la mariée, le chef de la délégation annonce l’arrivée en chantant un air Sli. Un représentant de la famille de la jeune femme vient vérifier que tous les objets attendus sont bien là. Pas de soucis, c’est juste une simple formalité, après laquelle on fait entrer les visiteurs.
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Une fois les offrandes installées sur l'autel des ancêtres, intervient le chaman. Il écrit sur un morceau de papier les noms, prénoms et âges des futurs époux, puis l'enroule avec un ruban rose. Il s’agit de son talisman pour un mariage béni des Dieux, qu'il complètera par des prières pour un bonheur éternel.
A la différence de certaines autres ethnies vietnamiennes, chez les Nung, les parents de la mariée se chargent de lui assurer tout le confort matériel élémentaire d’une vie de couple. Cela va de la literie aux ustensiles de cuisine. Hoang Trieu habite à Chi Lang, dans la province de Lang Son:
"Auparavant, lorsqu'on amenait une fille chez son mari, il fallait transporter aussi des coffres de vêtements et d'autres biens. Cette dot est désormais amenée dans leur futur foyer avant les noces. Une fille qui se marie doit se prosterner devant l'autel des ancêtres de chez son époux pour demander leur bénédiction."
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Mais avant ce rituel religieux, en entrant dans la maison, un représentant de la famille du garçon jette quelques gouttes d'eau sur les pieds de sa promise pour la libérer de toutes impuretés. Quoi qu’il en soit, le marié fait les premiers pas chez eux, histoire de confirmer que c'est bien lui le maître des lieux.
La préparation du lit de noces suit aussi un rite strict chez les Nung. On confie cette tâche à une dame qui a, elle aussi, une progéniture à la fois masculine et féminine. Considérée comme vertueuse et heureuse, elle est un bon exemple dont le jeune couple pourra s'inspirer.
Du fait de la modernisation des mœurs, beaucoup de jeunes prétendants de la communauté préfèrent faire plus simple aujourd'hui. Mais nombreux sont encore ceux qui continuent de respecter les traditions, surtout lorsqu’elles ne sont pas trop compliquées à suivre.