(VOVWORLD) - Les Nùng Din sont une communauté ethnique vivant à Muong Khuong, un district rattaché à la province septentrionale de Lào Cai. Ils ont un métier artisanal qui a été inscrit au patrimoine culturel immatériel national. Il s’agit de la confection de tableaux et de maquettes, objets rituels en papier, destinés aux funérailles.
Des tableaux en papier. Photo: VOV |
Quand l’un des leurs meurt, les Nùng Din lui font comme cadeaux des tableaux et des maquettes en papier reproduisant les objets qui lui étaient familiers: maison, argent, objets quotidiens, outils de travail… Vàng Van Chiên excelle dans la confection de ces objets rituels.
«J’aime beaucoup ce métier qui a été transmis de génération en génération. Toutes les familles du village font appel à moi lorsqu’elles organisent des funérailles. Même si dans mon village, presque tous les hommes savent le faire», nous dit-il.
Faire venir des artisans pour confectionner des tableaux et des objets votifs est une obligation pour tous les Nùng Din qui se respectent lorsqu’ils perdent quelqu’un de leur famille. Le papier servant à décorer les tableaux ou les objets est perforé ou poinçonné à l’aide de ciseaux, de couteaux ou de lames de bambou. Les couleurs les plus récurrentes sont le violet, le rouge, le vert, le jaune, le noir et le blanc, nous fait savoir Nùng Chan Phin, ancien directeur adjoint du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Lào Cai.
«L’artisan doit observer strictement le protocole de travail, sinon, son œuvre ne sera pas acceptée», souligne-t-il.
Les artisans confectionnent des tableaux et des objets votifs. Photo: VOV |
Les commandes faites aux artisans varient en fonction des moyens économiques et du nombre des membres de chaque famille. Mais s’il peut y avoir plusieurs arbres argentés, lanternes et chevaux, il y a toujours une seule maison votive dont le cadre est en bambou. Une fois le travail fini, le chef de l’équipe d’artisans va procéder à un rite consistant à «vendre» les produits au mort, en lisant une prière réservée à cet effet. Il sera payé par un représentant de la famille qui posera la maquette de maison sur le cercueil de façon à le couvrir. Les autres objets et tableaux sont installés autour. Quand les funérailles seront finies, tous ces objets seront posés sur la tombe et brûlés.
Mais les Nùng Din ont aussi l’habitude d’offrir des objets votifs à l’occasion de la fête des visites printanières aux morts. Dans ce cas, l’artisan effectue aussi le rite de la vente des produits à la famille qui les laissera sur la tombe, sans les brûler.
Les artisans de Nùng Din tiennent beaucoup à ce savoir-faire ancestral et ils sont heureux de voir que les jeunes partagent aussi leur passion. C’est le cas de Lù Phin Hoà, qui habite la commune de Tung Chung Phô.
«J’ai appris ce métier à 5 ou 6 adolescents, et à une bonne dizaine de trentenaires. Nous sommes rassurés d’avoir une relève», déclare-t-il.
La confection de tableaux et de maquettes en papier traduit l’attachement des Nùng Din à leurs ancêtres et aux normes éthiques sociales, une des conditions nécessaires à la préservation de leur identité.