(VOVworld) - Les H’rê sont un peuple solidaire. L’attachement entre membres d’une famille et entre habitants d’un même village est extrêmement fort et solide. Plus qu’une tradition, c’est un moyen de pérenniser la communauté.
Photos : thegioidisan.vn
Les villages H’rê se trouvent à flanc de colline, légèrement au-dessus des vallées, proches de champs et de sources d’eau. Plutôt sédentaires, les H’rê ne se déplacent qu’en cas d’épidémies. Leurs maisons sur pilotis sont construites sur des terrains vastes et élevées. Solidarité étant le maître-mot dans leurs villages, ils partagent leurs puits, leurs conduites d’eau et il n’existe pas de clôture séparant les propriétés privées.
Chaque village est à la fois un lieu d’habitation et une communauté autonome. Constitué de 40 à 50 toits, le village est placé sous la direction d’un chef dont l’âge, les expériences et la bonne fortune forcent le respect de tous. Il est l’un des deux personnages les plus importants du village, l’autre étant le chaman, comme l’explique Pham Minh Dat, chercheur ès cultures ethniques des Hauts-plateaux du Centre :
«Dans la croyance H’rê, chaque chose a une âme, ce qui justifie la multitude de cérémonies de culte qui sont organisées durant l’année, des cérémonies en l’honneur des défunts, des ancêtres, la célébration rituelle d’un emménagement, l’invocation de l’âme du riz pour s’attirer santé, sérénité et facilités dans le travail… Fins connaisseurs des traditions, le chef du village et le chaman jouent un rôle essentiel dans tous ces événements.»
Le chef du village est aussi l’organisateur des travaux communautaires : installation de conduites d’eau ou de clôtures autour du village, construction de routes, déplacements du village ou décisions disciplinaires… Mais attention ! Dans la démocratie H’rê, il est hors de question qu’un chef de village prenne tout seul ses décisions. Il faut savoir en outre que ce poste de chef villageois n’est pas un poste qui se transmet de père en fils. Le chef est au contraire un élu qui discute de tout avec un conseil de patriarches, composé de représentants des différentes familles du village, des personnes âgées respectées pour leur sagesse. Dinh Ngoc Su, qui habite dans la province centrale de Quang Ngai, est l’un des plus éminents des patriarches villageois H’rê. Ce «maître d’art populaire» est considéré comme le gardien de l’âme de son peuple par Pham Van Chi, un chercheur ès cultures ethniques:
«Le maître d’art et patriarche Dinh Ngoc Su dispose d’un formidable sens de la réplique qui caractérise la chanson H’rê. Il fabrique et joue de plusieurs instruments de musique traditionnelle. C’est en plus un maître dévoué qui transmet son savoir à la jeune génération.»
Les H’rê participent activement au mouvement «tout le peuple se solidarise pour édifier une vie culturelle dans les quartiers d’habitation». Dans cette communauté, solidarité n’est pas qu’une devise, c’est une manière d’être.