(VOVworld) - Gages de bonheur et de prospérité, les génies sont omniprésents chez les Hà Nhi, qui, tout au long de l’année, leur consacrent de nombreuses cérémonies, à tel point que l’on pourrait presque parler de «saison religieuse», une saison qui débute par une fête en l’honneur du village.
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Photos: baolaocai.vn |
Animistes, les Hà Nhi croient que tous les éléments naturels, tous les objets ont une âme. Aussi leur consacrent-ils de véritables cérémonies de culte. Et c’est tout d’abord à leurs propres villages qu’ils rendent ainsi hommage.
La cérémonie tombe au troisième mois lunaire, au moment où débutent les récoltes. Pendant trois jours, les divinités sont invoquées: il s’agit de protéger le village des épidémies et des esprits maléfiques et de se garantir ainsi une saison clémente. Mais il s’agit aussi de bénir les couples qui souhaitent concevoir un enfant. Nguyen Van Huy, ethnologue :
«Les Hà Nhi invoquent les génies du sol, de la forêt et du village où ils habitent. Ils sont ainsi assurés de vivre dans le bonheur et la prospérité.»
Petite précision : cet évènement, également nommé «cérémonie d’interdiction du village», ne réunit que les villageois. Tous les étrangers en sont exclus. Il se déroule juste à l’entrée du village où l’on érige un autel pour y déposer les traditionnelles offrandes : un cochon, un coq et une assiette de «xôi» - du riz gluant cuit à la vapeur - de couleur jaune vive. Nguyen Hung Vy, folkloriste :
«Le jaune symbolise la moisson, les parcelles de riz en terrasse et le riz mûr. C’est une couleur qui représente assez bien cette idée de prospérité.»
Alors que les femmes préparent le riz, les hommes, eux, érigent une perche rituelle coiffée d’un arc orienté vers le portail d’entrée et à laquelle est attachée une corde garnie de toutes sortes d’armes, censées écarter les monstres. Mais on y attache également un coq - intermédiaire entre les dieux et les être humains. Nguyen Hung Vy, toujours:
«Chez les Hà Nhi, le coq est un emblème sacré. Il peut convoquer le soleil, marquer la naissance du temps et des jours. Cet animal est ainsi capable de chasser l’obscurité et les âmes maléfiques.»
Comme son nom le suggère, cette cérémonie d’interdiction est entourée de tabous : les étrangers en sont donc exclus ; il est interdit de porter un objet sur son épaule ; il est interdit de parler une autre langue que le dialecte local qui est la seule admise par les divinités.
La cérémonie s’achève à la nuit tombée, par un festin joyeux au cours duquel les Hà Nhi s’offrent des poignées de «xôi» farci d’œufs de couleurs chatoyantes, gage de chance pour toute l’année.