(VOVworld) - Les San Chi sont très à cheval sur les traditions, notamment lorsqu’il s’agit de convoler en justes noces. Depuis la première rencontre entre les deux familles jusqu’au mariage proprement dit, tout est codifié et obéit à des rites immuables.
Les San Chi choisissent en général un jour faste du printemps, soit le 1er du mois lunaire, soit celui de la pleine lune, pour organiser la cérémonie des fiançailles. Le clan du futur marié choisit un entremetteur, un homme marié ayant de nombreux enfants, respecté et admiré pour son éloquence, qui apporte à la famille de la future mariée nombre de cadeaux. Il est accompagné de quatre jeunes hommes. Lorsqu’ils arrivent tous les cinq à destination, ils doivent tout d’abord se soumettre à une sorte de concours de chant alterné. S’ils chantent bien, ils sont aussitôt conviés à franchir le seuil de la maison. Dans le cas contraire, ils doivent au préalable vider de petites coupes d’alcool préparées tout exprès. Bien évidemment, l’histoire ne dit pas si les ivrognes s’appliquent à perdre...
Il faut savoir que chez les San Chi, les fiançailles ne sont qu’une étape préliminaire et que le mariage proprement dit n’a lieu que bien après. Ly Thi Nam, de la commune de Kien Lao, dans le district de Luc Ngan, rattaché à la province de Bac Giang :
« Mon mariage a eu lieu trois ans après la cérémonie des fiançailles. Mon époux a profité de ces trois années pour faire ses études. Quant à moi, j’ai eu le temps de mûrir, aussi bien physiquement que mentalement. Je ne me suis mariée qu’à 20 ans ! »
Ces trois années ne sont pas de trop pour les futures mariées San Chi qui en profitent pour préparer leur tenue de mariage, ce qui n’est pas une mince affaire.
Le clan de la jeune mariée se réunit un mois avant le mariage. C’est l’occasion de festoyer, bien sûr, mais aussi de transmettre d’ultimes recommandations à celle qui bientôt, aura quitté le foyer familial parée de toutes les qualités d’une femme vertueuse... Sois laborieuse, aime ta belle-famille, adopte une tenue vestimentaire à la fois discrète et modeste, lui dit-on...
La veille du jour J, quelques représentants du marié arrivent avec des cadeaux nuptiaux. Ly Van Mac, un San Chi qui habite également la commune de Kien Lao :
« Le convoi est conduit par l’entremetteur et deux jeunes filles. Ils amènent les cadeaux nuptiaux : un buffle, un coq, une centaine de kilos de viande de porc, deux paniers de riz, une soixantaine de bouteilles d’alcool et les incontournables feuilles de bétel et noix d’arec. Pas question de transporter tout ça avec les motos ! Les hommes doivent impérativement porter les cadeaux sur leurs épaules comme l’exige la tradition. »
Le lendemain, l’entremetteur et les demoiselles d’honneur reviennent pour accompagner la mariée vers sa nouvelle demeure. Sur le chemin, à chaque fois qu’il faut traverser un ruisseau ou un pont, l’entremetteur doit jeter dans le cours d’eau une pièce de monnaie pour chasser les esprits maléfiques. Ly Van Mac, toujours :
« La famille du marié va offrir des feuilles de bétel et des noix d’arec à la famille de la mariée dès son arrivée. Mais celle-ci ne reçoit le cadeau que si la famille du marié réussit à trouver la jeune mariée entourée par la foule. »
Le mariage lui-même se déroule dans la joie et le bonheur en présence de la famille, des amis et des voisins. Les jeunes mariés sont submergés de voeux, des voeux exprimés par des chants alternés, comme il sied en pareil cas. La fête dure jusqu’à la nuit tombée et c’est sous les étoiles que les jeunes tourtereaux entament leur nouvelle vie à deux.