(VOVworld) - La pagode Doi, littéralement « pagode des chauves-souris », située dans la province méridionale de Soc Trang, est sans doute l’un des plus beaux temples bouddhiques khmers dans le delta du Mékong. Un véritable îlot de calme et de sérénité. D’ailleurs, son nom signifie « endroit paisible plein de grandeur ».
Photos : vnanet.vn
De son vrai nom Seraytecho Mahatup en langue khmère ou Ma Toc en vietnamien, cette pagode vieille de 400 ans est dix fois plus connue sous le nom «pagode des chauves-souris», un nom qu’elle doit aux milliers de ces mammifères volants qui y ont élu leur refuge. Ces petits habitants inoffensifs occupent les arbres fruitiers juste derrière le sanctuaire principal mais incroyablement, ils ne se nourrissent pas de ces fruits. Le calme du lieu ne s’interrompt qu’au crépuscule, moment où les chauves-souris sortent pour chasser. Sinon, une immense sérénité règne partout dans cet espace de trois hectares.
Hoàng Van Viet travaille chez un voyagiste à Ho Chi Minh-ville. Il partage: «Cette pagode abrite une architecture sophistiquée à l’intérieur comme à l’extérieur. Les gens en quête de calme y voient souvent un refuge. Ici on fait le vide et on oublie pour un instant ses soucis.»
De loin, le monument bouddhique, emblématique de l’architecture khmère méridionale, se distingue par une toiture dorée à deux niveaux et des bas-reliefs en forme de lotus. Naga, le serpent sacré du bouddhisme thérévada, trône aux quatre extrémités de la toiture, soutenue par une rangée de colonnes ornées de la déesse Kemnar à chaque arbalétrier.
Direction le sanctuaire ! A l’entrée, on croise une gigantesque statue laquée et dorée du Bouddha. M. Viet explique : «Dans une pagode khmère, le lieu le plus important est le sanctuaire principal, au milieu duquel trône un autel dédié uniquement à Shakyamuni, alors que les pagodes vietnamiennes et chinoises rendent hommage en même temps à d’autres bouddhas et bodhisattvas.»
La trentaine de fresques sur les mûrs retracent la vie de Shakyamuni, depuis sa naissance jusqu’à son passage au nirvana. Non loin du sanctuaire se trouvent des tours multiformes où sont installées des reliques de bonzes qui ont consacré leur vie à la pagode.
Autant remarquable par son architecture qu’insolite par les petits habitants qui l’occupent, la pagode des chauves-souris est aussi le lieu idéal pour assister à des manifestations religieuses et culturelles. Fêtes, spectacles artistiques, compétitions sportives, cours d’alphabétisation… tout est possible. Tran Van Nam habite à quelques pas de la pagode.
«Je ne rate aucun événement. Lors de la fête annuelle des Khmers, tout le monde se rassemble dans son enceinte pour préparer des offrandes dédiées à leurs proches du monde d’au-delà. La pagode est aussi bondée lors des pleines lunes ou de la fête Donta.»
En fin du mois d’avril, lorsque les premiers coups de tonnerre annoncent le début de la saison des pluies, les chauves-souris, plutôt que d’investir les arbres comme à l’accoutumée, se réfugient dans la pagode pour s’y reproduire. A croire que même pour ces petits mamifères, la pagode possède un charme absolument unique.