(VOVWORLD) - Le mariage des Dao Khâu qui peuplent le district de Sin Hô, dans la province septentrionale de Lai Châu, regorge de rites, dont l’un consiste en une suite de prosternations, par les deux protagonistes, devant l’autel des ancêtres, les parents et les invités.
 La mariée (à gauche) et sa demoiselle d'honneur. Photo : VOV |
Accompagnée par un orchestre, la cérémonie de prosternation a lieu entre 7 heures du soir et minuit, après l’accueil de la mariée chez son mari. Préalablement, la famille de celui-ci a installé une table carrée à côté de l’autel des ancêtres, dans la salle centrale de la maison. La table en question est entourée de trois bancs, l’un situé entre elle et l’autel et les deux autres, à ses côtés droit et gauche. Sur la table, on trouve un grand bol de riz cru sur lequel sont plantées deux branches de fleurs argentées, un bol contenant de la viande grasse bouillie, deux grands plateaux, entre 8 et 10 paires de baguettes, autant de tasses à alcool et 100 grains de maïs. Devant la table, la famille aura constitué un tapis de paille et posé dessus deux matelas et deux couvertures compactées. C’est sur ces couvertures que le marié et la mariée se prosterneront.
L’une des particularités de cette cérémonie est la participation de 12 garçons de moins de 12 ans, qui ont pour mission de faire du bruit et de créer une ambiance festive. Sur fond de musique, les garçons font semblant de boire, de manger en poussant des cris joyeux. Ils se dissipent quand la musique a fini. C’est à ce moment-là que l’entremetteuse se met à maquiller la mariée et le mari, comme nous l’indique Tân My Xoang, une entremetteuse chevronnée de la commune de Ta Phin.
«Outre son costume nuptial, la mariée porte deux bandes de tissu rouge transversales de 4 mètres qui forment une fleur sur sa hanche, les extrémités descendant par terre. Une autre bande de tissu rouge, plus courte, entoure sa taille, les deux extrémités formant un nœud avant de descendre aux chevilles. Le marié, lui, porte, au-dessus de son costume nuptial, une tunique descendant presque aux pieds, trois bandes de tissu rouge comme celles que porte sa promise, et un turban rouge avec une fleur sur le front. Quant à la mariée, elle porte sur sa tête un plateau quadrilatère en bois léger, dont les côtés sont décorés de franges rouges assorties de perles en plastique. Couvert d’un tissu rouge brodé et percé d’une branche de fleur argentée, ce plateau trône sur la tête de la mariée quand elle est encore chez elle jusqu’à ce qu’elle entre dans la chambre nuptiale. Elle lève le plateau en entrant dans cette chambre et le remet pour la cérémonie de prosternation», précise Tân My Xoang.
L’orchestre joue durant toute la séance de maquillage, pour informer les villageois de la tenue imminente de la cérémonie de prosternation.
Le couple maquillé, chacun tient dans sa main une serviette neuve, le marié se positionnant à gauche, devant l’autel, et la mariée étant au même niveau que lui. La mariée est entourée de deux demoiselles d’honneur qui lui servent d’appui chaque fois qu’elle doit se lever et se rasseoir, car, comme nous vous l’avons dit en introduction, le couple doit se prosterner de très nombreuses fois.
 Photo: VOV |
Cette cérémonie est tellement sophistiquée qu’elle nécessite la présence d’un secrétaire, qui se met à côté de la table carrée et dirige la cérémonie du début jusqu’à la fin. C’est lui qui donne les ordres pour que le couple se prosterne, que l’orchestre joue ou arrête de jouer, nous fait savoir Tân A San, un secrétaire très sollicité.
«La prosternation dans un mariage est très différente de celle d’une cérémonie de funérailles. Une serviette dans sa main droite, le marié avance ses deux bras puis les croise, les monte vers le front en baissant son front, de façon à ce que la tête et les bras atteignent la même hauteur. Puis il se remet au garde-à-vous. Là, c’est la prosternation debout, mais il y a aussi la prosternation assise. Chaque train de prosternations consiste en trois prosternations debout et trois assises, effectuées d’abord par le marié, puis par la mariée», précise-t-il.
La cérémonie commence par les hommages rendus aux ancêtres. Le secrétaire présente au marié un plateau sur lequel sont posées six tasses de thé. Le mari touche le plateau pour montrer qu’il est prêt à se prosterner. Le secrétaire donne l’ordre pour que l’orchestre joue et le couple effectue sept trains de prosternations. Il donne signe et l’orchestre s’arrête.
Puis viennent les parents et les entremetteurs. Chacun sort de sa poche un cadeau qu’il met sur la table et prend, avec ses baguettes, un morceau de viande grasse qu’il met dans une assiette, ce qui signifie qu’il a accepté de manger, puis se relève et part.
Les dernières personnes devant lesquelles le couple doit se prosterner sont les invités, mais uniquement les invités qui sont déjà mariés, c’est-à-dire des gens qui se sont déjà prosternés devant d’autres…
Ce n’est qu’après cette cérémonie de prosternation que le secrétaire officialise le mariage, demande au couple d’être toujours reconnaissant envers les parents, de travailler dur et d’être des personnes honnêtes. Enfin, il lui souhaite une bonne et nombreuse progéniture.