«Nous implorons les divinités de faire tomber la pluie pour arroser nos champs, nos jardins et nos forêts, afin que nous puissions les cultiver et avoir une vie abondante», nous dit Lo Thi Tâp, une autochtone.

Dans son village, des petits aux plus âgés, tout le monde attend la fête avec impatience. Un mois avant, on nettoie et on embellit les maisons et le village. On commence aussi à choisir les produits qui seront présentés en offrandes et à fabriquer un arbre rituel fait de tronc de bois ou de bambou. Cet «arbre universel», comme l’appellent les Thai blancs, est décoré d’effigies d’oiseau ou de cigale en vannerie qui sont censées transmettre les implorations des villageois vers le Ciel. Ces derniers y accrochent également des cages minuscules contenant des œufs de poule et des coquilles représentant une sécheresse sérieuse au point de tuer même des êtres vivant dans l’eau. Cet «arbre universel» traduit en effet les difficultés que pourraient engendrer une pénurie d’eau et un climat inclément. Au pied de l’arbre, les villageois présentent leurs offrandes qui sont du riz gluant, du poulet, du porc, du poisson, des fruits et des fleurs, fait savoir Luong Van Sinh, chef du village de Na Bo 1.

«Pour préparer la fête, nous avons discuté et réparti les tâches entre les jeunes, les femmes et les personnes âgées. Tout le monde était extrêmement motivé», indique-t-il.

Pour les Thai blancs de Muong Sang, la fête pour implorer la pluie est l’évènement le plus important de l’année

Le jour J, après avoir demandé l’autorisation du génie de la terre de conduire la cérémonie à un endroit préalablement choisi dans le village, le chaman, accompagné de représentants masculins et féminins de la jeunesse villageoise en tenue traditionnelle, va frapper à chaque porte pour inviter les habitants à venir. Son cortège se dirige ensuite vers la source située en haut du village dont il prendra de l’eau qui sera utilisée pour la fête. Maintenant que tous les villageois se sont rassemblés, le chaman lira sa prière.

Le chaman fait savoir au Ciel combien les villageois peuvent souffrir en l’absence de la pluie et le prie de la faire tomber pour arroser les champs et les arbres. À la fin de son intervention, le chaman déclare, au nom du Ciel, donner de l’eau aux villageois pour qu’ils aient un bon climat et des récoltes abondantes toute l’année durant.

Selon Dinh Thi Huong, chef du bureau Culture et Sports de Môc Châu, cette fête ne vise pas seulement à implorer la pluie, elle traduit également l’attachement et l’interdépendance entre les humains et la nature.

«Pour les autorités du district, la fête pour implorer la pluie n’est pas seulement une activité culturelle et spirituelle des Thai, mais aussi un produit touristique phare de Môc Châu. Nous préparons d’ailleurs un dossier pour la faire inscrire au patrimoine culturel immatériel national», ajoute-t-elle.

Une activité culturelle et spirituelle et un produit touristique phare, certes, mais cette fête traduit encore le respect traditionnel des Thai blancs pour l’environnement, qui mérite d’être encouragé et généralisé.