(VOVworld) - Proverbes, devinettes, chansons... Les Giay possèdent un trésor folklorique pluriséculaire, accumulé au fil des générations. Accumulé, c’est vrai, mais encore répertorié : tradition orale oblige !...
Le chant a toujours été un des moyens d’expression très naturel chez les Giay, aussi naturel que le vent ou la pluie. Chez eux, tout se chante : la nature, l’amour, la richesse, la pauvreté... Alors, naturellement, des airs folkloriques, on en trouve des myriades : au moins autant sinon plus que de variétés de fromage en France, c’est dire !... De manière générale, on peut les classer en trois catégories : il y a les airs que l’on chante à table (vuon ha lan), ceux que l’on chante pour déclarer sa flamme (vuon chang ham), et ceux que l’on entonne en guise d’adieu (vuon sroong ran). San Chang, fokloriste :
« Il y a trois chansons pour le mariage. On chante la première chez la jeune mariée qui est sur le point de quitter les siens, lesquels lui témoignent ainsi toute leur affection. Le deuxième air est chanté par la mère de la mariée qui lui donne ainsi d’ultimes conseils au moment d’entamer une nouvelle existence. Et quand la famille du marié arrive, elle va chanter le dernier air en guise de demande officielle. Les deux familles échangent alors des chants alternés comme le veut la tradition. »
« Comme le veut la tradition »... Ces belles coutumes sont toujours d’actualité, même si bien sûr, les paroles évoluent en s’adaptant aux réalités de la vie moderne. San Chang toujours :
« Lors des festivités, à table, on trinque, on mange et on chante. Mais attention, il y a une hiérarchie à respecter. Si on invite le chef du village, c’est lui qui commence à chanter. Ensuite, c’est au tour du propriétaire, de ses proches et des autres invités. Ce sont de chansons qui célèbrent l’amitié et la bonne chère ! »
Les jeunes Giay chantent pour déclarer leur flamme à l’élue de leur coeur. Ils en profitent pour idéaliser celle-ci, ce qui donne de douces romances. Cela étant, les airs alternés ne sont pas l’apanage des jeunes couples. Ils peuvent tout aussi bien être entonnés en guise de chant de bienvenue. San Chang, encore une fois :
« Si je suis invité chez quelqu’un et que je ne suis pas accueilli par une chanson, je peux tout à fait lui en faire le reproche... en chanson ! D’ailleurs, c’est bien simple, toutes les activités du quotidien peuvent donner lieu à des chansons !.. »
Eh oui ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que les chansons rythment le quotidien des Giay, quelles que soient les circonstances. Ma Thi Hien, une femme Giay :
« Je chante quand je me croise mon voisin ou ma voisine sur la route, quand je suis au marché ou ailleurs, peu importe ! »
Tant qu’il y aura des chansons !... Eh bien tant qu’il y aura des chansons, les Giay resteront ce qu’ils sont profondément : une communauté soudée par un art de vivre simple et poétique !...