C’est au numéro 4 de la rue Tôn Thất Thiệp qu’il faut aller. Derrière un grand bougainvillier, se trouve une jolie villa française, c’est « Hà Nội xưa », la bien nommée.

Des tableaux, des photos jaunies, des céramiques anciennes... Il règne comme un parfum de nostalgie qui enchante de prime abord. Et ce n’est certainement pas Olivier qui nous prétendra le contraire.     

« Le restaurant est bien situé. Il n’est pas trop loin de la gare. En même temps il est très joli à l’extérieur comme à l’intérieur. J’aime beaucoup les peintures qui sont à l’intérieur. Le piano aussi, ça donne un aspect ancien, un petit peu rétro... Et puis le personnel est très bien habillé », dit-il.  

Malheureusement, je n’ai pas réussi à obtenir une table comme Olivier. Aujourd’hui, le restaurant est bondé et si on tend un tant soit peu l’oreille, on s’aperçoit que la plupart des convives du jour sont des Français. Ah, ces Français ! Toujours là lorsqu’il s’agit de gastronomie fine !...     

« Très bien! Le dîner est excellent. J’ai pris du porc à la canelle. La viande était très bonne, la canelle juste bien parfumée.... Il y avait un très bon équilibre entre les épices et la viande. C’est de loin le meilleur plat, je trouve !... Mais tout le reste était très bon. »

Le rouleau de printemps

Le porc à la canelle

« J’ai goûté plein de plats. Le plus inoubliable, c’est le premier-le rouleau de printemps. C’était délicieux ! Mais les autres étaient aussi très bons, oui, vraiment très bons. Le service est impeccable. Ils expliquent bien ce que c’est. Dans beaucoup d’autres restaurants, ils vous disent ça très vite tandis que là, le garçon est très posé, il explique bien. Si les gens n’ont pas compris, il réexplique encore une fois. C’est vraiment très bien ! »

« Rouleau de printemps », « porc à la cannelle »... Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais à force d’entendre tout ça, je commence à avoir une sérieuse crampe dans l’estomac !... 

Les raviolis

Ah, voilà Nguyen Thuong Quan, le patron de ce restaurant. Il a certainement beaucoup de choses à nous dire... 

« Ma passion pour la gastronomie provient tout simplement des plats que ma grand-mère et ma mère préparaient. Alors voilà, j’ai créé « Hà Nội xưa », un restaurant où les étrangers de passage, mais aussi les gens du cru, peuvent découvrir et redécouvrir le raffinement et l’authenticité des plus célèbres plats de la capitale, à savoir les « bánh cuốn » (les raviolis), le « chả cá » (le poisson grillé à l’aneth), le « phở » (la soupe de nouille de riz), le «bún chả » (le vermicelle de riz au porc grillé) ou bien « thịt kho tộ » (le porc cuit dans la saumure de poisson). Mais il y a aussi certains plats que j’ai adaptés aux tendances culinaires internationales, notamment les plats à base de fruits de mer. »   

 

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. C’est en 2010 que Nguyen Thuong Quan a reçu la consécration avec la visite de l’un de ses plus illustres confrères, venu tout spécialement de l’autre bout du monde.     

« Ah oui, ça, je crois vraiment que c’est le plus beau souvenir de ma vie ! Imaginez, « Hà Nội xưa » sélectionné parmi les meilleurs restaurants de Hanoi !», raconte Nguyen Thuong Quan, « C’était dans le cadre d’une série de téléréalité de la BBC dans laquelle Golden Ramsay, qui est tout de même un chef trois étoiles, devait apprendre à cuisiner sept plats traditionnels du pays et les faire goûter à une trentaine de critiques gastronomiques, de chefs et de gourmets invités dans mon restaurant. Je le revois encore, en cuisine, en train de se lamenter parce qu’il n’arrivait pas à trouver ce degré de raffinement qui est si caractéristique de la cuisine vietnamienne !... »    

Eh oui, et moi, je me vois, là, à me lamenter intérieurement de n’avoir pas pensé à réserver une table ! Il ne me reste plus qu’à rentrer chez moi, l’estomac dans les talons, et à saliver en repensant à tout ce que je viens de voir. Sans compter que ma femme m’a prévenu : ce soir, c’est bol de riz et liserons d’eau, un point c’est tout !...