(VOVworld) - Une naissance, un mariage… D’habitude, dans ces cas-là, on fait des photos de famille qui restent gravées dans les mémoires. Mais tant qu’à faire, puisqu’elles restent gravées dans les mémoires, pourquoi ne pas les graver dans du bois, ces photos ? Eh oui, comme quoi, les vieilles recettes… font toujours recette ! Rétro, la xylogravure ? 

Un ouvrage de xylogravure

Des portraits ou des paysages gravés dans le bois - xylogravés, devrais-je dire. C’est simple, on crée du relief en fonction de la luminosité de la photo originale : plus celle-ci est sombre, plus on va en profondeur, et inversement. Facile, non ? « Facile à dire », oui, je sais bien… Toujours est-il qu’une gravure sur bois -  pardon, une xylogravure ! - fera un cadeau apprécié, surtout s’il est destiné à immortaliser vos amours…   

« J’ai pris une photo de moi et de mon copain. Je voudrais en faire une gravure sur bois. Ce sera une surprise pour son anniversaire ! »    

Pas mignon, ça ? C’était une certaine Tran Thanh Tu, 25 ans, adepte de la xylogravure, qui - vous l’aurez compris - a décidé de se faire faire un « xylo-portrait ». Selon elle, pas de doute, c’est la « vintage-attitude ». « Je suis vintage, j’suis hors de prix, même pour les proches et les amis », chantait Eddy Mitchell. « Hors de prix », c’est à voir… Reste la nostalgie qui de toute façon, n’a pas de prix quand elle nous tient…     

La xylogravure remonte à la nuit des temps. Dans la Chine ancienne, déjà, à cette époque bénie où le bois était une matière première peu coûteuse, abondante et facile à travailler… Il s’agit en fait de reproduire en relief une image donnée à l’aide de gouges, ciseaux et burins. En fait, la gravure sur bois se distingue par  l’uniformité de ses noirs, sans nuances, qui présentent partout la même intensité, à la manière d’une page imprimée. Ecoutons Nguyen Nghia Phuong, un expert dans ce domaine :

« Au Vietnam, c’est au 11^ème siècle que la xylogravure a fait son apparition, dans les pagodes. Par la suite, c’est devenu un outil de propagande très efficace, particulièrement en temps de guerre, avec des sentences gravées du type « l’union fait la force »… Autrefois, du bois, on en trouvait très facilement et à par le pin, on peut graver dans toutes sortes de bois. »    

Le peintre Nguyen Nghia Phuong présente la xylogravure

Au fil du temps, les techniques de xylogravure ont bien sûr évolué, en permettant un meilleur rendu des détails. Nguyen Quang Vinh, un confrère de Nghia Phuong :

« Ce qui a vraiment permis une évolution, c’est l’encrage de la plaque gravée. On la chauffait, cette plaque, pour diminuer la viscosité de l’encre et faciliter sa pénétration dans les creux. En fait, on distingue trois types principaux de gravure : la gravure en relief, la gravure en creux et la lithographie. Mais pour en revenir à la xylographie, elle a occupé une place prépondérante, sur le plan socio-culturel. »

Dans la gravure en relief, les parties non-sculptées de la planche retiennent l’encre, qui est ensuite déposée sur le papier. Cela étant, le métal et même la pierre se sont substitués au bois. Nguyen Nghia Phuong, encore :       

« La gravure en bois a fait son retour il y a une dizaine d’années. Partout, dans les boutiques de souvenir, on trouve de petits objets de décorations intérieures. C’est très vintage, évidemment ! Alors comme la tendance est justement au vintage !… Finalement, on finit par faire du neuf avec du vieux ! »  

Au bout de quelques jours, Tran Thanh Tu prend enfin livraison de sa commande et découvre avec émotion ce fameux portrait de couple. Pour ce qui est des prix, il faut compter entre 200.000 et 500.000 dongs pour une gravure simple, sans beaucoup de détails, et entre 600.000 et 1 million de dongs pour un portrait ou un paysage plus élaboré. Sachez sinon qu’il existe un centre de formation à la xylogravure, installé dans la province de Phu Tho, à une centaine kilomètres de la capitale, fruit d’une coopération entre la province et une coopérative de xylogravure. Objectif : revaloriser un métier traditionnel…