(VOVworld) - Le coeur de Hanoï, c’est bien sûr le lac de l’Epée restituée, le lac de l’Epée restituée au bord duquel on rencontre souvent des gens âgés, mais peu communs, tel ce graveur sur stylo que nous vous avions présenté récemment. Aujourd’hui, place à la musique, avec un vieux flûtiste octogénaire, autre habitué des lieux.
Nous sommes maintenant au bord du Lac de l’Epée restituée, à côté d’un certain Lê Quang Châu, celui-là même qui joue de la flûte. Tous ceux qui sont domiciliés dans l’arrondissement de Hoan Kiem connaissent bien ce vieux musicien : il fait partie du paysage comme d’autres, des meubles ! Il faut dire qu’il vient ici, à l’ombre d’un manglietia séculaire, tous les samedis après-midi, avec la régularité d’un métronome.
« Avant la guerre, j’habitais rue Hang Gai, pas loin d’ici. Tous les jours, je me promenais au bord du lac avec mes sœurs et très souvent j’emportais ma flûte. Maintenant, j’habite plus loin, alors je suis obligé de prendre le bus… Ainsi va la vie !... », nous confie Lê Quang Châu.
Comment peut-on le reconnaître au milieu de toute cette foule qui s’amasse sur les bords du lac, allez-vous me demander… Eh bien, essayez-donc de trouver un vieux monsieur moustachu, aux cheveux blancs ramenés en chignon, avec un sac en tissu sur le dos… C’est lui. Du reste, vous l’auriez trouvé les yeux fermés, en vous laissant guider par le son de sa flûte… Un flûtiste, donc, oui mais un flûtiste amateur, au meilleur sens du terme, qui n’exerce que pour le plaisir… En fait, Lê Quang Châu est un professeur de mathématiques à la retraite pour qui la musique a toujours été une sorte d’exutoire, qui a apporté une petite touche de poésie à son existence.
« J’aime bien venir ici pour pouvoir respirer cette atmosphère si particulière, pour goûter cette brise légère… Alors j’y ajoute un peu de mélodie, avec ma flûte. Et si les passants sont heureux, c’est tant mieux !
« Thiên Thai » - « Paradis » en français : ainsi s’intitule la pièce que nous venons d’entendre, qui est aussi la pièce préférée de Lê Quang Châu. D’après lui, cette chanson a été interprétée en anglais lors d’un festival de musique, à Genève, en 1946. Effectivement, c’est grâce à cette chanson que le monde entier a entendu parler de Van Cao, qui était encore un jeune compositeur à cette époque, et de la République Démocratique du Vietnam, alors naissante.
Mais revenons-en à notre vieux flûtiste. La flûte a des pouvoirs ensorcelants que les charmeurs de serpents connaissent bien. Sauf que Lê Quang Châu, c’est la vieille tortue du lac qu’il a réussi à charmer ! Un exploit dont il n’est pas peu fier !
« En 2013, la vieille tortue du lac a sorti la tête de l’eau pendant environ 5 minutes. Elle s’est dirigée vers moi, come si elle voulait m’écouter. Par chance, un journaliste était là. Il a écrit un article là-dessus. Moi, j’étais très heureux de me retrouver là, à donner la sérénade à la tortue ! », a-t-il raconté.
Photo: Internet
Week-end après week-end, Lê Quang Châu prend sa flûte pour aller au bord du lac… Véritable mémoire vivante de Hanoï, il apporte une touche de douceur et de nostalgie particulièrement bienvenue dans ce monde pressé d’aller toujours plus loin et plus vite qui - hélas - est devenu le nôtre…