(VOV)-Depuis maintenant deux ans qu’elles évoluent au rythme de la nouvelle ruralité, les campagnes vietnamiennes commencent à faire peau neuve. Des changements, donc, synonymes, pour la population, d’amélioration du niveau de vie, tant matériel que culturel. Mais de là à crier victoire, c’est sans doute encore un peu tôt. Beaucoup reste à faire et plusieurs localités sont d’ailleurs en train d’établir des bilans provisoires, à mi-parcours, histoire d’aplanir certaines difficultés et de se donner les moyens d’aller de l’avant. Cap sur 2020, date à laquelle la nouvelle ruralité devra être une réalité pour toutes les communes du pays !
Ninh Thuan (photo : Internet)
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A ce jour, 68% des communes du pays ont élaboré des plans et 44% d’entre elles ont vu ces plans ratifiés. En dehors des 11 communes pilotes placées sous la tutelle du secrétariat du Parti, qui ont déjà pu atteindre entre 15 et 18 des critères de la nouvelle ruralité, plus de 980 autres satisfont déjà à une bonne dizaine d’entre eux. Et pour ce qui est des ressources, plus de 14 000 milliards de dongs, en tout, ont été budgétés aux niveaux des villes et des provinces, Hochiminh-ville, Hanoi et Vinh Phuc arrivant largement en tête dans ce domaine. Voilà pour un rapide état des lieux…
Revenons-en maintenant à ces fameux critères, qui sont donc au nombre de 19. Si l’on y regarde de plus près, force est de constater que certains d’entre eux relèvent de la gageure quand ils ne sont pas tout simplement inadaptés à la réalité. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nguyen Huu Duc, le secrétaire du comité du Parti de la commune de Phuoc Hau, une commune de la province de Ninh Thuan.
« Parmi les 19 critères de la nouvelle ruralité, le plus difficile à atteindre est celui qui concerne la structure de la main d’œuvre, nous explique-t-il. En principe, près d’un tiers de la main d’œuvre rurale devrait travailler dans le secteur agricole. Pour une localité comme la mienne, c’est vraiment difficile ! Ce serait bien que le ministère de l’Agriculture et du Développement rural en réfère au comité de pilotage. C’est une exigence qu’il faudrait assouplir et surtout adapter aux réalités de chaque localité ! Pareil pour les infrastructures. C’est bien de vouloir construire des écoles ou bétonner des routes, encore faut-il qu’il y ait des fonds ! Là encore, il faudrait que le problème soit pris en compte à l’échelon central. »
Hue (photo : Internet)
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Le Truong Luu, vice-président du comité populaire provincial, et chef du comité de pilotage de la nouvelle ruralité de la province de Thua Thien-Hue, semble lui aussi préoccupé par cette question des ressources.
« Chez nous, la nouvelle ruralité est en train de se mettre en place, nous dit-il. Mais cela ne va pas sans quelques problèmes, notamment en ce qui concerne les ressources, qui restent assez limitées. Pour Thua Thien-Hue, ce n’est pas une mince affaire que de développer la production et d’améliorer les revenus. »
Il semble bien que les principales difficultés rencontrées sur le terrain soient dûes à une sensibilisation encore trop hésitante. Ces derniers temps, plusieurs administrations désireuses de relancer la machine ont créé des sites Internet destinés à promouvoir les bienfaits de la nouvelle ruralité. L’expérience montre d’ailleurs que lorsque ce travail de sensibilisation est mené à bien, la population se rend à l’évidence et les difficultés s’applanissent d’elles-mêmes.
Autre problème soulevé par pas mal de localités, et d’ailleurs évoqué précédemment / un peu plus haut : celui des fonds, indispensables à la construction des infrastructures et à l’assistance aux agriculteurs. Mais comme l’a indiqué le vice-Premier ministre Vu Van Ninh, chef du comité national de pilotage de la nouvelle ruralité, d’ici à 2015, le gouvernement et les localités devront procéder à une meilleure répartition des fonds disponibles. Les organismes de crédit seront par ailleurs appelés à accorder priorité aux projets liés à la nouvelle ruralité.
Les fonds en provenance de l’Etat ou des entreprises ne sont pas suffisamment bien exploités, constate Vu Van Ninh. Certains crédits à taux zéro ne trouvent pas preneur, ce qui peut quand même paraître surprenant. Il faudrait que les agriculteurs soient mieux informés, à ce sujet ! Par ailleurs, il faut allouer un budget conséquent à la nouvelle ruralité. Sur la base de ce budget, le ministère du Plan et de l’Investissement planifiera les travaux pour les cinq années à venir. Pour l’instant, c’est un budget relativement modeste, mais qui est appelé à devenir plus important dans les années qui viennent.
Quid du rôle de l’administration ? Là encore, on attend un engagement plus affirmé, mais surtout une organisation plus rationnelle, tant au niveau des comités de pilotage qu’à celui de la mise en oeuvre des plans ratifiés, lesquels doivent comporter de réelles exigences, tant quantitatives que qualitatives. Le comité central de pilotage devrait d’ailleurs procéder bientôt à une supervision globale des plans pour venir en aide, le cas échéant, aux localités.
« Il faut regarder de près ce qui a déjà été fait, et tenter de mettre en lumière les approches intéressantes, nous indique Vu Van Ninh. Et puis, à notre niveau, il ne faut pas hésiter à venir épauler les localités qui en ont besoin. »
Quoiqu’il en soit, une certaine souplesse reste de mise. Pour le Parti comme pour l’Etat, le véritable enjeu de la nouvelle ruralité ne réside pas forcément dans ces 19 critères à atteindre, mais bien plus dans le développement de la production et dans une amélioration effective du niveau de vie des agriculteurs.