(VOVworld)-Sur les 19 normes qui ont été définies dans le programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité, celles qui concernent la structure de la main d’oeuvre et le niveau de vie des agriculteurs font certainement partie des plus difficiles à atteindre. Elles supposent un effort réel en matière de formation professionnelle, un effort qui est entrepris depuis déjà deux ans, dans certaines des communes-pilotes, et qui commence à porter ses fruits.
|
La résolution du 11ème congrès national du Parti stipule qu’en 2020, le Vietnam devra être un pays moderne et industrialisé. Mais comme l’a souligné le Premier Ministre Nguyen Tan Dung devant l’Assemblée Nationale, il ne saurait y avoir de processus de modernisation et d’industrialisation qui ne commence par les campagnes. Pour atteindre cet objectif stratégique, le facteur humain sera bien sûr décisif. L’agriculture vietnamienne est actuellement en pleine phase de mutation. Intégration oblige, elle doit s’adapter aux exigences d’une économie de marché et devenir une production marchande de grande envergure. Et pour les agriculteurs qui en sont les tous premiers acteurs, cette mutation rime bien sûr avec formation professionnelle.
Aujourd’hui, les agriculteurs représentent 73% de la population et 50% de la main d’oeuvre de tout le pays. Beaucoup de régions rurales demeurent néanmoins assez pauvres, les revenus apportés par la riziculture étant trop faibles. Dans ce contexte, un développement durable des campagnes implique nécessairement que l’effort soit porté sur la formation professionnelle et sur l’élévation du niveau de vie. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’un programme de formation professionnelle dans les campagnes ait été lancé par le gouvernement pour la période 2009-2015. Nguyen Tri Ngoc, chef du département des cultures au ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, indique :
“Actuellement, les campagnes comptent 22 millions de travailleurs. Compte tenu de l’objectif de modernisation et d’industrialisation qui a été défini pour 2020, la moitié de ces travailleurs doivent suivre une formation bien ciblée, ce qui devrait être le cas de 300 mille d’entre eux chaque année.”
|
La formation professionnelle est donc l’un des facteurs qui doivent permettre à l’agriculture vietnamienne de devenir une production marchande de grande envergure, mais seulement l’un d’eux : il en existe d’autres, et notamment la redistribution des terrains agricoles, que nous avons évoqué la semaine dernière. Le professeur Nguyen Lan Dung, qui se trouve avoir mené bon nombre d’études sur l’agriculture vietnamienne, insiste d’ailleurs sur ce point, en faisant observer qu’à l’heure actuelle, les plus de 70 millions de lopins de terre épars que compte le pays constituent un obstacle à l’accroissement de la production. Selon lui, la redistribution des terrains agricoles doit justement permettre aux agriculteurs d’accéder à cette production marchande de grande envergure que les initiateurs de la nouvelle ruralité appellent de leurs voeux, en ouvrant la voie à l’introduction de technologies innovantes. Nguyen Lan Dung souligne : “En 2020, le Vietnam sera devenu un pays moderne et industrialisé, doté par conséquent de vastes exploitations agricoles. A mon avis, il ne doit plus y avoir de restriction en ce qui concerne l’accès à la propriété pour les terrains agricoles : avec seulement quatre ou six hectares, on ne peut pas prétendre accroître la production ! Dernier point : les agriculteurs doivent tenir compte des particularités des terroirs où ils exercent et opter pour une production rentable.”
Jusqu’à présent, près de 800 mille travailleurs ruraux ont déjà suivi une formation, dont 46% pour un métier agricole. 70% d’entre eux ont réussi à trouver un emploi à l’issue de leur formation, se révélant capables d’élever non seulement le rendement des cultures, mais aussi leur propre niveau de vie. Nguyen Trong Thành, qui tient une exploitation dans la commune de Vinh Tuong, une commune de la province de Vinh Phuc, est tout à fait représentatif de cette nouvelle génération d’agriculteurs modernes. Les connaissances glânées à l’école agronomique de Vinh Phuc lui ont permis de faire de son troupeau de vaches laitières le plus rentable de sa commune. Nguyen Trong Thành fait savoir : “Elever des vaches laitières demande des connaissances techniques assez développées. Ce n’est pas comme pour d’autres bovins, et puis il faut s’assurer des débouchés. Mais j’ai suivi une formation et je sais à quoi m’en tenir!”
La physionomie des campagnes vietnamiennes est en train de changer. On voit apparaître de grandes exploitations, spécialisées dans telle ou telle production. Après avoir suivi une formation, les agriculteurs sont désormais à même de savoir quelle culture ou quel élevage leur garantiront le meilleur rendement. Et il est probable que si les objectifs sont atteints en terme de formation professionnelle, l’écart entre riches et pauvres se resserrera et que ce faisant, la nouvelle ruralité aura été bénéfique à tous, également sur le plan social.