(VOVworld)-Voilà maintenant deux ans que les campagnes vietnamiennes vivent au rythme de la nouvelle ruralité. Sur le terrain, les changements sont tangibles, non seulement pour les agriculteurs, dont les conditions de vie se sont nettement améliorées, mais aussi, et de façon très évidente, en termes de voies de communication et de modes de production. Un succès, donc, dû en grande partie à la souplesse dont ont su faire preuve les autorités locales vis-à-vis des 19 critères prescrits dans le programme. Alors, comme il est de tradition de le faire en fin d’année, nous allons tenter maintenant de dresser un bilan de deux années d’instauration de la nouvelle ruralité au Vietnam.
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Des chiffres, pour commencer. A ce jour, 97% des communes des 63 provinces et villes que compte le pays se sont lancées dans l’aventure de la nouvelle ruralité. 60% d’entre elles ont déjà vu leurs plans ratifiés, des plans qui en général, accordent une place prépondérante à l’amélioration des infrastructures, considérée comme un facteur décisif. 90% des communes concernées se sont d’ailleurs dotées d’au moins un nouvel ouvrage, mais certaines en sont déjà à quatre ou cinq. Quant aux ouvrages en question, dans la plupart des cas, ce sont des voies de communication, des réseaux électriques, des systèmes d’approvisionnement en eau, des systèmes d’irrigation, des écoles… Ce développement des infrastructures aura en tout cas eu pour vertu de faire changer la physionomie des campagnes en les faisant basculer - il n’était que temps - dans le 21ème siècle.
Un exemple concret, à présent : celui de la province de Phu Yen, dont les 91 communes ont achevé leur planification pour les 8 années à venir - jusqu’en 2020, donc -, et où 855 milliards de dongs ont été investis dans la nouvelle ruralité.
Le rôle de la population est primordial, estime Nguyen Van Kiem, le secrétaire adjoint du district de Tuy Hoa. Dans la mesure où il s’agit d’améliorer leurs conditions d’existence, les gens se sentent vraiment responsables. Pour l’amélioration du réseau routier, par exemple, on a vraiment pu compter sur l’appui de la population. Et même foyer par foyer, chacun est conscient d’œuvrer au bien-être collectif. Mais pour arriver à ce niveau de consensus, il a bien sûr fallu bien expliquer quels étaient les objectifs de la nouvelle ruralité.
Tang Minh Loc, qui se trouve être le chef du bureau de coordination du programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité, insiste quant à lui sur le fait que la nouvelle ruralité a permis un véritable essor de la production. 5000 unités de production agricole marchande ont en effet été mises sur pied dans tout le pays. Conséquence : le rendement global s’est accru de 15 à 20%. Dans la province d’An Giang, des exploitations de vastes envergure ont vu le jour : une réussite, là encore, qui risque de faire des émules. A Hochiminh-ville, l’heure est aux technologies avancées dans l’agriculture. Dans la province de Thai Binh, les agriculteurs reçoivent des assistances financières qui doivent leur permettre de s’équiper en machines. Dans la province de Ha Tinh, ils peuvent bénéficier de prêts à taux préférentiels… C’est une véritable course au progrès qui a démarré !
Au départ, toutes les communes ont du commencer par regarder où elles en étaient par rapport aux 19 critères, nous explique Tang Minh Loc. Il n’y en avait que 200 qui étaient capables d’atteindre au moins 10 critères ! Mais maintenant, au bout de deux années, il y a déjà un bon millier. Il y en a même 40 qui atteignent plus de 16 critères ! C’est dire à quel point ce programme aura fait bouger les lignes !
Pour l’instant, les plus grandes difficultés restent les fonds, d’une part, et l’implication des autorités et de la population, d’autre part. En ce qui concerne les fonds, il faut savoir qu’en dépit des difficultés économiques auxquelles est confronté le Vietnam, le gouvernement a décidé de maintenir tel quel le budget alloué à la nouvelle ruralité. Ces deux années passées, le gouvernement a versé 3300 milliards et les localités 14 mille milliards de dongs. A Tuyen Quang, la province a assuré la moitié des frais de construction des routes, permettant ainsi la construction d’une bonne centaine de kilomètres. A An Giang, les entreprises sont invités à participer et le volontariat est fortement encouragé. Mais si l’on en croit Tang Minh Loc, rien n’est possible sans une réelle implication de la population, ce qui suppose, au passage, un réel accroissement des revenus.
L’instauration de la nouvelle ruralité est un programme de longue haleine et de grande envergure, nous fait-il observer. Au début, il y a forcément des difficultés. Pour les deux premières années, on s’est souvent heurté à une incompréhension manifeste des autorités et de la population qui avaient pris l’habitude d’attendre passivement les aides de l’Etat. Mais qu’à cela ne tienne ! Il faut persévérer pour convaincre, convaincre pour persévérer.
En 2013 et au cours des années suivantes, l’accent sera mis encore une fois sur la sensibilisation, mais aussi sur la formation des cadres. Pour le reste, force est de constater que la machine du progrès est lancée et bien lancée, et que rien, ni personne, ne saurait l’arrêter.