(VOVworld)-
L’agriculture vietnamienne est en pleine évolution. Elle est désormais appelée à devenir une production marchande de grande envergure, conforme en cela aux exigences d’un véritable mécanisme de marché. Dans ce contexte, il va de soi que les coopératives agricoles, qui sont l’expression d’un certain collectivisme économique, vont devoir elles-aussi opérer une mutation. C’est d’ailleurs ce que stipule le programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité.
(Photo : thvl.vn)
A l’heure actuelle, le Vietnam compte plus de 9200 coopératives agricoles, lesquelles réunissent 7,3 millions de membres et s’adonnent essentiellement à des services prestataires. Dans le passé, les coopératives agricoles étaient surtout synonymes de mise en commun des fonds et de la main d’oeuvre. Elles offraient des services prestataires aux agriculteurs, en prenant en charge le travail de la terre, l’approvisionnement en engrais ou en insecticides, l’écoulement de la production et même la distribution des biens de consommation. Ce faisant, les agriculteurs pouvaient se dispenser d’intermédiaires pour acheter ou vendre, ce qui était ressenti comme un avantage par beaucoup d’entre eux. Mais désormais, l’agriculture est donc en pleine phase de modernisation et tend - nous le rappelions en introduction - à devenir une production marchande de grande envergure. Quid des coopératives agricoles ? Le modèle est en passe de devenir obsolète, semble-t-il, mais les initiateurs de la nouvelle ruralité entendent bien le faire évoluer et lui redonner une seconde jeunesse. Lê Huy Ngo, ancien ministre de l’Agriculture et du Développement rural et actuellement conseiller pour le programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité , indique
"Il faut bien comprendre ce qui fait la particularité des coopératives agricoles dans une économie de marché. Il faudrait les réorganiser, ces coopératives, en faisant en sorte qu’elles puissent à la fois assurer des services prestataires et fonctionner comme de véritables entreprises, susceptibles dès lors d’apporter davantage de bénéfices. Il faut mettre sur pied des coopératives capables d’élargir leur production et de faire preuve d’autonomie en établissant des liens commerciaux. Ce n’est que comme ça que les intérêts des agriculteurs pourront être protégés et que l’agriculture vietnamienne pourra se développer durablement."
Lê Huy Ngo, ancien ministre de l’Agriculture et du Développement rural, (photo : Le Tan Binh)
Si l’on s’en réfère au programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité, la grande nouveauté réside dans le fait que les membres des coopératives, qui sont les propriétaires des outils de production, peuvent y contribuer à leur gré, aussi bien pour ce qui est des fonds que pour ce qui est de la main d’oeuvre ou du savoir-faire. Le collectivisme économique, qui est le propre des coopératives, ne s’oppose donc plus aux pratiques en vigueur dans le secteur privé, mais se présente plutôt comme une sorte de mode de possession et d’usage bien particuliers des terrains et des outils de production agricoles, ouvert à tous. Ces dernières années, nouvelle ruralité oblige, le gouvernement vietnamien a promulgué un certain nombre de politiques pour mettre en avant les coopératives agricoles, notamment en ce qui concerne les indispensables assistances financières. Nguyen Van Biên, vice-président de l’Alliance des coopératives du Vietnam, fait savoir :"L’Etat a l’intention de transformer les caisses de crédits populaires qui existent un peu partout dans les villes et les provinces en banques de coopératives. Et ces banques auront naturellement vocation à prêter aux coopératives."
Cette mutation des coopératives agricoles entre dans le cadre des 19 critères de la nouvelle ruralité, au même titre que les infrastructures, la planification, la redistribution des terrains agricoles ou encore les villages de métier. Plusieurs coopératives se sont d’ores-et-déjà montrées très actives en matière d’accès aux nouvelles technologies, d’écoulement de la production, de planification ou de réorganisation. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : la valeur annuelle de la production agricole est passée de 31 millions de dongs par hectare en 2006 à 50 millions de dongs. Ces nouvelles coopératives sont donc désormais sur les rails, et il est permis de croire qu’elles vont faire changer la physionomie des campagnes vietnamiennes.