(VOVworld) - Economie de marché oblige, les riziculteurs se retrouvent pénalisés par la hausse du prix des intrants. Peu importe, ensuite, que le prix du riz augmente ou baisse : de toutes façons, ils n’y trouvent pas leur compte. Dans le delta du Mékong, ils ont décidé de prendre le problème à bras le corps en devenant eux-mêmes actionnaires de plusieurs entreprises.
A An Giang, une entreprise de produits phytosanitaires a récemment distribué des certificats d’investissement à 1.720 agriculteurs de différentes localités du delta du Mékong, lesquels détiennent en tout près d’un million 900 mille actions. Mais elle envisage de vendre des actions à 6.000 autres agriculteurs du delta du Mékong pour leur permettre de bénéficier d’une valeur ajoutée accrue, mais aussi de recevoir des assistances en matière de semences, d’engrais, de produits phytosanitaires, de services agricoles, de traitement et d’écoulement des produits.
Lê Thanh Son est issu d’une famille de riziculteurs de Vinh Hung, une commune de la province de Long An. Il travaille désormais pour l’entreprise susmentionnée. Résultat : une production stable prenant appui sur des normes techniques précises. Pour ce qui est du coût, ce n’est pas lui qui s’en occupe. En revanche, ses bénéfices sont plus importants que ceux qu’il avait l’habitude d’engranger auparavant, sur le marché courant. Il n’en fallait pas davantage pour le décider à acheter un bon millier d’actions de cette fameuse entreprise d’An Giang.
C’est une entreprise qui a su accroître son rayonnement en proposant aux agriculteurs de devenir actionnaires. Moi, avant, la bourse, je n’y connaissais absolument rien. Mais grâce aux informations qui ont été diffusées, j’ai pu avoir accès à ces actions, à ma plus grande satisfaction.
Actuellement, la chaîne de production rizicole du delta du Mékong fonctionne à plein, depuis la fourniture des intrants jusqu’à l’écoulement du riz, en passant par la culture et le traitement. Les riziculteurs sont bien sûr en première ligne, mais les entreprises, les distributeurs, les commerçants, les exportateurs et les réseaux de distribution ne sont pas en reste. Dans ce contexte, le fait, pour les riziculteurs, de pouvoir devenir actionnaires, ne peut qu’accroître leurs bénéfices. Lại Xuân Môn, vice-président de l’association des paysans vietnamiens :
C’est une méthode vraiment intéressante, qui cadre tout à fait avec la restructuration agricole, restructuration dont le principal objectif est, je le rappelle, d’accroître les revenus des agriculteurs et de mettre en place, dans la durée, un véritable système de production marchande.
Si les riziculteurs peuvent acheter ou vendre des actions, cela signifie qu’il existe une réelle connexion entre les deux principaux acteurs de la chaîne de production. C’est un système gagnant-gagnant. L’entreprise de produits phytosanitaires d’An Giang, pour reprendre cet exemple, y trouve son compte à plus d’un titre : tout d’abord, elle engrange les bénéfices de 56 milliards de dongs de la vente d’actions aux agriculteurs et par-dessus le marché, leur coopération avec ces derniers est renforcée. Huỳnh Văn Thòn, son directeur général:
Dans le processus d’établissement d’une agriculture marchande, ce modèle est destiné à remplacer les coopératives. Le fait, pour les riziculteurs, de confier leur riz à une entreprise, constitue une forme de transaction. Ils peuvent parfaitement se livrer à des calculs pour évaluer l’efficacité du commerce et du financement. Du coup, l’implication est plus forte. C’est à armes égales. Actuellement, nous avons 6 entreprises actionnarisées. Nous comptons en avoir le double. Les agriculteurs peuvent prendre leur destinée en main en devenant actionnaires.
Pour la première fois, les riziculteurs du delta du Mékong sont à la fois l’alpha et l’oméga de la production. C’est en s’inspirant de ce genre d’initiative que l’agriculture nationale pourra se moderniser et se mettre à l’heure de l’économie de marché : exactement ce que préconise la nouvelle ruralité !...