(VOVWORLD) - Un demi-siècle s’est écoulé depuis cette aube du printemps 1975, lorsque le drapeau de la libération s’est levé sur Saïgon. Cinquante ans plus tard, dans les yeux des vétérans qui ont vécu ces heures décisives, brille encore la flamme intacte d’une épopée qui a transformé le destin d’une nation.
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Les vétérans ayant participé à la campagne Hô Chi Minh. Photo: VOV |
Pour Dinh Giang Hiêu, aujourd’hui vice-président du Club de la tradition de la résistance de la ville de Thu Duc, le temps n’a pas effacé les souvenirs du pont Tân Cang, devenu depuis le pont de Saïgon, un lieu où l’histoire s’est écrite dans le fracas des armes. M. Hiêu appartenait au 4e Bataillon, stationné à Thu Duc. Le 27 avril dans l’après-midi, son unité reçoit l’ordre de prendre d’assaut le pont de Tân Cang. Le commandement exige que, dès l’ouverture du feu prévue à 3 heures du matin, le pont soit tenu coûte que coûte jusqu’à 8 heures le lendemain. Dès l’aube du 28 avril, encerclés par des forces largement supérieures en nombre, Hiêu et ses camarades ont tenu leur position sur le pont, malgré un déluge de feu venu de la terre, de la mer et du ciel. Les navires de guerre de Tân Cang, l’artillerie de Thành Tuy Ha et de Cat Lai, les hélicoptères semant la mort avec leurs roquettes à fragmentation – face à cette puissance de feu, les défenseurs du pont n’ont pas fléchi.
«Ce jour-là, vers 19 heures, nous avons reçu l’ordre de nous replier vers la pagode Ky Quang. Malgré l’absence de renforts, nous étions tous déterminés à défendre notre position jusqu’au bout. Notre unité avait pris la résolution que chacun d’entre nous se battrait jusqu’à son dernier souffle», raconte-t-il.
Tandis que certaines unités maintenaient des positions stratégiques, d’autres progressaient vers le cœur de Saïgon. Trân Minh Chinh, alors jeune étudiant devenu soldat, se remémore son parcours:
«J’étudiais en première année à l’Institut polytechnique de Hanoi quand je me suis engagé, le 26 août 1970. Mon chemin avec la 320e division m’a d’abord mené à Quang Tri, puis vers les hauts plateaux du Centre. Après avoir participé à la libération de Buôn Mê Thuôt, nous avons poursuivi notre avancée vers Saïgon pour l’assaut final. Notre division a brisé les défenses de Dông Dù et Cu Chi le 29 avril. À partir de là, une partie des troupes a poursuivi son avancée vers Saigon, tandis que le reste demeurait en position pour sécuriser la base.»
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Lê Thi Tai, membre de la compagnie féminine d’artillerie C83. Photo: VOV |
Dans cette symphonie guerrière, une mélodie unique s’est distinguée: celle des femmes combattantes. Le témoignage de Lê Thi Tai révèle un chapitre souvent méconnu de cette guerre – celui des unités féminines, qui ont démontré que le courage n’a pas de genre. Membre de la compagnie féminine d’artillerie C83, Tai partage avec émotion:
«Je me souviens encore de notre arrivée à Cà Mau, le 30 avril à 11h30. Les habitants sortaient pour nous voir – ces femmes en shorts, maniant canons et mortiers avec la même détermination que n’importe quel homme. La peur du sacrifice n’existait pas pour nous. Chaque goutte de sang versée l’a été pour que notre pays retrouve son indépendance et sa liberté. J’espère profondément que les jeunes d’aujourd’hui sauront préserver ce précieux héritage et mettront toute leur intelligence au service d’un Vietnam toujours plus beau.»
Un demi-siècle plus tard, la victoire de 1975 continue de marquer les esprits dans un Vietnam en pleine transformation. Témoin de cette histoire et du changement, Dinh Giang Hiêu, vice-président du Club de la tradition de la résistance de la ville de Thu Duc, livre un regard à la fois lucide et profond:
«Cette guerre a été payée du prix du sang. Nous gardons une reconnaissance infinie pour toutes ces mères qui ont vu partir leurs enfants sans jamais les voir revenir. Notre plus grande fierté, à Hô Chi Minh-ville comme dans tout le pays, c’est d’avoir remporté une victoire que le monde entier a dû reconnaître, et de voir aujourd’hui les fruits de notre développement économique”.
Dans les rues dynamiques de l’ancienne Saigon, aujourd’hui locomotive économique du Vietnam, les vétérans observent les transformations avec un mélange de fierté et d’émerveillement. Leur sacrifice a permis cette renaissance: la métamorphose d’un pays jadis déchiré en une nation unifiée, qui s’affirme désormais sur la scène mondiale.