(VOVWORLD) - Ha Long n’abrite pas qu’une célébrissime baie, merveille de la nature dument célébrée... On y trouve aussi un salon de coiffure pas comme les autres puisqu’il est tenu par des sourds-muets. C’est un certain Van Khac Huân, lui aussi sourd-muet, qui en est le fondateur...
Photo: VOV |
Ce fameux salon de coiffure vous accueille avec de la musique douce, prélude à un traitement qui ne l’est pas moins... Inutile de vouloir converser avec les coiffeurs, à moins, bien évidemment, de maîtriser la langue des signes. Pour se faire comprendre, on peut en faire des gestes, mimer, écrire...
Nguyên Thi Hung, elle, est une cliente régulière. Elle ne vient pas là uniquement pour l’originalité de la formule, mais avant tout parce que ces coiffeurs sourds-muets sont des coiffeurs de premier ordre...
“La première fois que je suis venue ici, je suis ressortie vraiment très satisfaite. Et quand j’y suis retournée, c’était encore mieux que la première fois!... Quand on travaille, comme moi, dans des endroits bruyants, on est toujours content de trouver un endroit calme et relaxant”, nous confie-t-elle.
Si effectivement, Hung est satisfaite de ses permanentes et de ses mise-en-plis, elle l’est tout autant de l’attitude du personnel...
“Les employés d’ici sont très prévenants. S’il y a la moindre éclaboussure, ils se précipitent aussitôt pour essuyer, et ça, ça me plaît beaucoup”, précise-t-elle.
Hung n’est pas la seule à être ainsi satisfaite du zèle des employés, des employés qui, d’entrée de jeu, annoncent la couleur: "Je suis sourd, s'il vous plaît, tapotez-moi sur l'épaule ou écrivez sur le téléphone lorsque vous en avez besoin", peut-on lire à l’entrée du salon.
“C’est un salon de coiffure très particulier, ici. Tous les employés sont sourds et muets... Le patron, lui, est un excellent coiffeur: c’est toujours lui qui me coupe les cheveux”, a partagé une cliente.
“Le patron est vraiment un coiffeur hors-pair, qui mérite tous les éloges. Et puis la clientèle est vraiment très bien traitée, ici. De tous les salons de coiffure que j’ai essayés, et j’en ai essayés beaucoup, c’est certainement l’un des meilleurs, sinon le meilleur”, a témoigné une autre.
Au risque d’une rime facile, la réussite, ça se mérite... Très tôt orphelin de mère, Huân a vécu avec son père et son frère jusqu’en 2007. Il a été ensuite admis dans un centre pour enfants en situation particulière. Il avait alors 14 ans.
Hoàng Thi Nha Phuong, assistante sociale dans la province de Quang Ninh. Photo: VOV |
Ce n’est qu’en 2012 qu’il a ouvert son propre salon de coiffure en embauchant d’autres sourds-muets. Et son salon est aujourd’hui le lieu de rendez-vous de nombreux autres sourds-muets, qui viennent parfois de loin...
Hoàng Thi Nha Phuong est assistante sociale dans la province de Quang Ninh. Elle est particulièrement admirative du travail fait par Van Khac Huân...
“Les personnes qui travaillent dans ce salon de coiffure ne sont pas toutes originaires de la ville d'Ha Long. Ils viennent d’autres villes telles que Hai Hà, Dâm Hà, Tiên Yên, Ba Chẽ, Móng Cái... Peu importe d’où ils viennent, d’ailleurs. Ils travaillent tous avec ardeur”, note-t-elle.
Van Khac Huân a toujours voulu venir en aide aux personnes qui sont dans la même situation que lui. Il reçoit chaque année des dizaines d’apprentis-coiffeurs qui sont sourds-muets comme lui et qui, une fois formés, peuvent suivre ses pas et ouvrir à leur tour leurs propres salons. Pour Hoàng Thi Nha Phuong, c’est là l’un des aspects les plus remarquables du travail de Van Khac Huân.
“Il a pris plusieurs sourds-muets sous son aile pour les accompagner dans leur parcours professionnel. Il a réussi, comme ça, à former pleins de jeunes coiffeurs qui maintenant, ont acquis de l’autonomie, et qui sans aucun doute, lui doivent beaucoup!”, nous explique-t-elle.
Si Van Khac Huân rend effectivement ses clients plus beaux - c’est après tout l’essence-même de son métier -, ils leur apporte aussi une sorte d’énergie positive qui émane de sa personne...
Sa persévérance et son dévouement lui ont valu, outre l’estime et l’admiation de sa clientèle, des certificats de mérite du Département de la protection sociale, relevant du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, qui a ainsi voulu saluer un jeune handicapé ayant su s’intégrer à la société...