Conflit russo-ukrainien: l’ultimatum américain

(VOVWORLD) - Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine entre dans sa quatrième année, l’administration américaine intensifie ses efforts diplomatiques et politiques pour parvenir à un accord de paix. Mais sur le terrain, la réalité semble bien plus complexe.

Un ultimatum américain

Conflit russo-ukrainien: l’ultimatum américain - ảnh 1Un quartier à Kiev, a été la cible d’une frappe aérienne, le 24 avril. Photo : Reuters

Cette semaine, le président américain Donald Trump a affirmé que l’on était «très proche» d’un accord de paix entre Moscou et Kiev. Une déclaration qui ravive l’espoir d’un règlement rapide d’un conflit jusqu’alors enlisé dans des négociations sans issue.

À quelques jours du cap symbolique de ses 100 premiers jours à la Maison Blanche (30 avril), l’exécutif américain semble déterminé à marquer un point diplomatique majeur, conformément à une promesse de campagne répétée: «mettre fin au conflit russo-ukrainien en 24 heures».

D’après plusieurs sources diplomatiques relayées par les médias occidentaux, les pourparlers avancent autour d’une proposition américaine impliquant des concessions territoriales de la part des deux belligérants. Steve Witkoff, émissaire spécial de la Maison Blanche, qui a été récemment reçu à deux reprises par Vladimir Poutine, a même révélé certains éléments du projet d’accord, suggérant «des compromis notables sur les frontières».

Dans une déclaration officielle, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a de son côté insisté sur l’urgence de la situation.

«Ce conflit peut cesser, et les deux parties doivent le reconnaître. Nous leur avons montré la voie à suivre, la ligne d’arrivée est là. Il faut maintenant qu’elles acceptent d’y aller», a-t-il affirmé.

Le ton semble néanmoins se durcir. Après une réunion tenue le 18 avril à Paris avec des responsables ukrainiens et européens, Marco Rubio a averti que les États-Unis pourraient se retirer du rôle de médiateur si aucun progrès n’était réalisé. Un avertissement réitéré par Donald Trump une semaine plus tard.

«J’ai ma propre date limite. Nous voulons un accord rapidement, et je pense que tout le monde, y compris l’OTAN, le souhaite aussi. Après ce délai, notre posture changera radicalement», a-t-il déclaré.

Résistances et désaccords

Conflit russo-ukrainien: l’ultimatum américain - ảnh 2Le président américain Donald Trump. Photo: AFP

Malgré cet activisme américain, l’issue des négociations reste incertaine. Si le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé sur CBS que les discussions avançaient dans la bonne direction et qu’il ne restait que quelques points à préciser, la position ukrainienne reste plus ferme.

En effet, Kiev refuse d’accepter certaines propositions américaines, portant notamment sur la question des concessions territoriales. De leur côté, plusieurs chancelleries européennes, exclues des discussions entre Washington, Moscou et Kiev, expriment leur mécontentement. Jugeant que certaines clauses du projet américain seraient défavorables à l’Ukraine, elles poursuivent l’élaboration de plans de soutien alternatifs.

Vers un retrait américain?

Si les avancées espérées ne se concrétisaient pas dans les prochains jours, l’hypothèse d’un retrait américain du processus de paix gagnerait en crédibilité. James Nixey, un spécialiste de la Russie et de l’Eurasie, n’écarte pas ce scénario.

«Les États-Unis peuvent très bien se désengager du dossier ukrainien. Ce n’est plus le même pays que l’an dernier. Et si l’administration Trump n’obtenait pas les résultats qu’elle estime réalisables, elle pourrait considérer le retrait comme une option sérieuse», a-t-il estimé.

Dans ce cas, le conflit russo-ukrainien risquerait de s’enliser davantage, avec des conséquences régionales et mondiales difficilement prévisibles. D’après James Nixey, si l’accord proposé par les États-Unis ne satisfaisait ni Moscou ni Kiev, chaque camp pourrait poursuivre sa propre stratégie, compromettant toute chance de paix durable.

Un scénario qui viendrait accentuer l’instabilité mondiale, alors même que l’économie internationale est déjà fragilisée par de profondes incertitudes.

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