Inde-Japon: vers un nouvel axe panasiatique

(VOVworld)- Le nouveau Premier ministre indien Narendra Modi vient de terminer sa première visite à l’étranger, au Japon, en l’occurence. Ce déplacement de cinq jours aura bien sûr permis de donner un nouvel élan aux relations indo-japonaises, mais il aura surtout permis de voir s’esquisser un nouvel axe panasiatique.

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Le Premier ministre indien Narendra Modi avec son homologue japonais Shinzo Abe, le 1er septembre 2014 à Tokyo. Photo:AFP

Lors de la conférence de presse conjointe qu’ils ont donné, les deux Premiers ministres indien et japonais ont affiché la même ambition, celle d’une prospérité commune, profitable non seulement aux deux pays, mais aussi à l’Asie dans son ensemble. L’avenir de l’Asie passera par un accroissement de la coopération indo-japonaise, a ainsi estimé Narendra Modi. Convaincu que les deux pays présentent des potentiels exceptionnels, son homologue japonais Shinzo Abe a quant à lui plaidé pour l’établissement d’un partenariat stratégique dépassant le cadre traditionnel.

Pour une coopération économique accrue

Sur le plan économique, le Premier ministre indien aura incontestablement engrangé de francs succès. Premier résultat, et non des moindres: le Japon s’est engagé à doubler ses investissements en Inde au cours des cinq prochaines années. Mais il s’est également engagé à prêter 50 milliards de yens, soit près de 480 millions de dollars, à New Delhi, pour lui permettre de développer ses infrastructures.

Si l’on en juge par le nombre d’hommes d’affaires ayant accompagné le chef du gouvernement indien et surtout par le nombre de contrats signés à l’occasion de cette visite, il ne fait pas de doute que les deux pays sont absolument déterminés à   donner une impulsion décisive à leurs relations bilatérales.  

Les deux dirigeants ont d’ailleurs conclu un accord aux termes duquel, chaque année, le Japon importera de l’Inde de 2.000 à 2.300 tonnes de terre rare, soit l’équivalent de 15% du besoin des producteurs nippons. Le premier lot sera délivré en février prochain. Il faut savoir que la terre rare est une matière première nécessaire à la fabrication des produits de hautes technologies et que pour l’instant, c’est la Chine qui est le plus important fournisseur du Japon. «Pour l’instant», en tout cas, car cet accord montre bien que Tokyo entend bien ne pas dépendre de la Chine, dans ce domaine comme dans d’autres.    

Signe des temps, des négociations sont actuellement en cours entre les deux pays: l’objet des discussions? La vente de 15 hydravions US-2 japonais, d’une valeur de 1 milliard 650 millions de dollars. Voilà près d’un demi siècle, depuis la fin de la seconde guerre mondiale en fait, que le pays du soleil levant n’avait plus vendu d’engins militaires. A noter toutefois que les équipements de ces hydravions doivent en principe être produits en Inde.   

Les 2 Premiers ministres se sont en tout cas montrés déterminés à établir de solides relations dans le domaine de la défense. Ils ont notamment décidé de procéder à des manœuvres maritimes conjointes.    

Défense: une alliance objective

Défense, justement. Sur ce point, New Delhi et Tokyo se retrouvent sur une même ligne de défiance vis-à-vis de Pékin, dont ils souhaitent tempérer les agissements, aussi bien en mer Orientale qu’en mer de Chine Orientale ou encore en Océanie. Indiens et Japonais ont en commun d’être en litiges territoriaux avec les Chinois. Autant dire qu’ils se retrouvent dans une alliance objective destinée à contenir l’expansionnisme chinois, même s’ils se refusent pour l’instant à en faire état autrement que par des allusions suffisamment claires pour ne laisser planer aucun doute.     

Faire contrepoids

Depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir, Narendra Modi se montre particulièrement soucieux de développer les capacités défensives de son pays, en particulier à la frontière avec la Chine qu’il a décidé de renforcer, mais aussi en mer, avec des manœuvres menées conjointement avec d’autres pays, le Japon et les Etats-Unis notamment.     

Le choix d’établir un partenariat défensif témoigne de la volonté de New Delhi et de Tokyo de créer un nouvel axe panasiatique, destiné à contrer la montée en puissance de la Chine. C’est en tout cas ce que pouvait attendre Narendra Modi de son voyage au Japon, qui lui aura permis d’accroître le prestige et l’influence de l’Inde sur la scène internationale. Quant à Shinzo Abe, il n’aura pas manqué l’occasion de tendre la main à un pays en pleine expansion et, ce faisant, de prendre la Chine de vitesse.
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