(VOVWORLD) - Les Mông vivant dans la province septentrionale de Hà Giang adorent les chants alternés, et ils le font avec un «matériel sonore» pour le moins original. Celui-ci fait penser à un téléphone rudimentaire avec, aux bouts, deux «canettes» en bambou et au milieu, un fil en lin.
Un chant d’amour et de réponse, le hat ông. Photo: VOV |
Ce type de chant, que les locaux appellent «hat ông», ce qui signifie littéralement «chanter dans un tube», en français, est une spécialité des fêtes des Mông des plateaux calcaires de Hà Giang. Tout le monde peut y participer, sans distinction d’âge, de genre ou de milieu social. Les participants se donnent des répliques chantées, en donnant libre cours à leur imagination et à leur sens de l’improvisation. De chaque côté du fil, peuvent se trouver un homme ou une femme, deux hommes ou deux femmes, ou encore un groupe de personnes. Quand ils chantent, une partie utilise la canette en bambou en guise de micro alors que l’autre l’utilise comme écouteur en l’apposant à l’oreille. Et ainsi de suite. Le fil en lin vibre, transmettant des mélodies envoûtantes, accompagnées de temps en temps par des sons de flûte et de khên… De quoi faire oublier toutes les fatigues d’une année de labeur. Ces échanges se déroulent ordinairement lors des fêtes et des marchés montagnards, parfois sous forme de concours, donnant lieu à beaucoup d’histoires d’amour… et surtout à une sorte «d’addiction saine». Témoin Hâu Thi Châu, qui malgré ses 70 ans, participe à tous les concours de chants alternés de sa commune, Thanh Vân, dans le district de Quan Ba.
«J’adore le hát ống de mon ethnie, chaque parole traduisant de manière profonde notre philosophie de vie et d’amour. Mon âge avancé n’affecte en rien ma passion. Je me sens rajeunie et heureuse en chantant. C’est dommage que les jeunes ne pratiquent plus autant ce type de chant, ça me pousse à chanter encore davantage, pour les sensibiliser à la sauvegarde de cet art traditionnel», partage-t-elle.
Vàng Chân Giao, un autre habitant de Thanh Vân, nous explique comment les Mông fabriquent le «matériel sonore» du hát ống.
«C’est tout simple. On coupe deux morceaux de bambou de 20 cm de longueur et 10 cm de diamètre, avec les deux bouts non bouchés. Lorsqu’on abat des poules et des coqs à l’occasion du Têt, on en réservera le gésier. On le lave et l’étend pour couvrir l’un des deux bouts du tube de bambou. Lorsque cette membrane est bien séchée, on la transperce par un fil en lin en formant un nœud pour le tenir. On fait la même chose pour l’autre tube, le fil en lin étant un excellent transmetteur de son», précise-t-il.
Le hat ông, une tradition de l’ethnie Mông. Photo: VOV |
Face au développement socioéconomique et aux interférences culturelles, les Mông attachés à leurs traditions se sentent encore plus motivés pour préserver et valoriser leur identité. Ainsi, le chant original du hat ông continuera de résonner, encore et toujours…