(VOVworld) - Au Vietnam, les châtaignes les plus prisées proviennent sans aucun doute de Trung Khanh, dans la province de Cao Bang. Mais que ceci reste entre nous car les Tày de la province voisine de Lang Son ont aussi des châtaignes à revendre. Et si vous voulez éviter de vous prendre une châtaigne mémorable, vous avez tout intérêt à reconnaître qu’elles valent bien les autres !... Tenez-le vous pour dit ! C’est en tout cas ce que nous assure Nguyen Trung Hieu, un Tày qui, justement, a fait fortune grâce aux châtaigniers.
Photo:Baolangson
La châtaigneraie de Nguyen Trung Hieu se situe à une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Lang Son. Les clients y viennent de plus en plus nombreux, et surtout de plus en plus loin : de provinces voisines telles que Hà Giang et Bac Giang, voire de grandes villes comme Hanoï et Haiphong... Ils commandent au moins 10 kilos de châtaignes chacun. Quant à Hieu, il doit travailler d’arrache-pied pour satisfaire toute cette aimable clientèle.
« J’ai récolté une tonne l’an dernier, mais ça ne suffit pas, bien sûr. Après la cueillette, il faut répartir les châtaignes en deux catégories. Il y a les petites, qui coûtent 60 mille dongs le kilo, et les grandes, qui coûtent 80 mille dongs le kilo. En tout, ça me rapporte bien entre 160 et 170 millions de dongs par an. »
C’est en 2003 que les autorités locales ont commencé à encourager la castanéiculture - ainsi appelle-t-on la culture des châtaignes. Au départ, Hieu n’était pas très enthousiaste. Il en était encore à cultiver des arbres fruitiers. Mais il a bien été forcé de constater que ses kakis, ses litchis et ses pruniers ne lui rapportaient pas grand chose. Alors pourquoi pas la châtaigne, après tout ? Deux ans plus tard, sa châtaigneraie lui donnait ses premiers fruits, lesquels n’avaient décidement rien à envier à ceux de Cao Bang. Et voilà, c’est ainsi que Hieu est devenu castanéiculteur.
« Je possède 1800 arbres, en tout et pour tout. Ce qu’il y a de bien avec le châtaignier, c’est que c’est beaucoup plus résistant que beaucoup d’autres arbres fruitiers. Et pour ce qui est des engrais, il faut fumer qu’une seule fois par an. »
La superficie de la châtaigneraie de Hieu a doublé. Mais très vite, s’est posée la question des débouchés.
« Au début, j’offrais gratuitement des châtaignes aux clients des restaurants de la ville, en leur suggérant de passer commande s’ils les appréciaient. Et ça a marché ! »
Hieu ne travaille pas seul. Il procure aujourd’hui du travail à quatre foyers Tày du hameau de Quang Trung 2, y compris celui de Hoàng Thi Kiem, une soixantenaire.
« J’ai conseillé à mes enfants de se lancer dans les châtaignes, tout comme Hieu, histoire qu’ils puissent un peu mieux gagner leur vie... Et ils ont dit oui ! Quant à Hieu, il leur a promis de leur donner de jeunes plants. »
Les autorités locales sont elles-aussi conscientes que la castanéiculture est promise à un bel avenir. Elles envisagent d’ailleurs de créer une marque commerciale, c’est dire ! Chu Duc Khôi, président du comité populaire de la commune de Quang Lac, où se situe la châtaigneraie de Hieu :
« Les châtaigniers s’adaptent parfaitement aux conditions climatiques de notre localité. Nous avons demandé à Hieu d’aider ceux qui le souhaitent à se lancer. Il a tout de suite été d’accord. Il a même promis d’organiser des cours de formation... De nôtre côté, on va essayer de moderniser la production et de voir si on peut créer un label. »
Des châtaignes pour faire fortune... Qui l’eût cru ? Les Tày, en tout cas, n’en doutent plus : leurs châtaigniers sont des mines d’or...