(VOVworld) - Des pierres, du bois, du bambou… Il faut finalement peu de choses aux Bahnar pour fabriquer des instruments de musique étonnants, avec lesquels ils entrent en communion avec la nature.
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Depuis la nuit des temps, les Bahnar vivent aux sons des instruments de musique. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un seul, ce serait bien sûr le gong, véritable emblème culturel des hauts Plateaux du Tây Nguyên.
Mariages, funérailles, rituels, offrandes… Il n’est pas de cérémonie qui ne se déroule au son du gong. De forme circulaire, avec un mamelon au centre, les gongs sont frappés à l’aide d’une mailloche. Leurs diamètres varient entre 20 centimètres, pour les plus aigus, et 60 centimètres, pour les plus graves. Assez paradoxalement, étant donné leur aspect éminément vibratoire, ils sont utilisés pour rythmer les danses villageoises.
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Mais les gongs ne sont pas les seuls instruments de musique des Bahnar, loin s’en faut! Le bambou, avec lequel on peut décidément tout faire, est ainsi la matière première de deux autres instruments étonnants: le T’rung et le K’long put. Dào Minh Ngoc, du musée d’ethnographie de Dak Lak : "Ce sont des instruments que l’on retrouve dans toutes les festivités, et notamment dans les soirées de chants alternés. D’autres instruments ont des emplois plus spécifiques."
Le T’rung est une sorte de xylophone en bambou, lié de près à la vie spirituelle des Bahnar. Cet instrument de musique rassemble en clavier des tubes parallèles et bien sûr inégaux d’où différentes hauteurs de sons, chaque tube étant scellé à une extrémité et coupé en biseau à l’autre bout. Les sons émis ressemblent à ceux d’une rivière qui s’écoule ou au murmure du vent. A Ngoh, un Bahnar: "Le T’rung est joué en plein air, c’est la règle. Il donne des sons très naturels. Les vieux T’rung ne comportaient que 7 tubes. Maintenant, il y en a beaucoup plus, ce qui a permnis d’élargir considérablement le répertoire."
Outre du T’rung, les musiciens Bahnar ont une autre fierté: le Ting Ning, un instrument inédit. Il s’agit d’un luth de 10 à 18 cordes en soie trempées dans de la cire, dont le corps est fait dans des bambous à longs entrenoeuds, bien scellés aux deux extrémités. Les cordes sont attachées à des axes en bois s’allongeant sur toute la table d’harmonie, en dessous de laquelle on ajoute une calebasse pour amplifier les échos. Les jeunes hommes aiment bien charmer l’élue de leur cœur au son du Ting Ning.
Musiciens dans l’âme, les Bahnar ne ratent jamais l’occasion de faire vibrer leurs instruments de musique et d’entrer ainsi en vibration avec la nature qui les entoure.
Voilà pour cette semaine. A très bientôt pour de nouvelles pérégrinations ethnico-chromatiques.