(VOVworld) - Hua Nhàn est une commune de la province de Son La, rattachée au district montagneux de Bac Yên. C’est l’une des plus démunies de tout le Vietnam : 4000 âmes, en tout, des Mongs pour la plupart, qui vivent sous le seuil de la pauvreté, ce qui ne les empêche pas, vaille que vaille, coûte que coûte, d’envoyer leurs enfants à l’école.
Les 15 kilomètres de chemin qui relient la commune de Hua Nhàn à l’autoroute la plus proche doivent paraître interminables à qui s’y aventure pour la première fois. Chaotique et poussiéreux lorsque qu’il fait beau, boueux à souhait lorsqu’il pleut, le chemin en question, qui n’en en fait qu’une mauvaise ornière truffée de cassis, n’est praticable qu’à moto, et encore faut-il être solidement accroché à son guidon ! Sinon, force est de reconnaître que la commune offre un paysage de désolation : rien n’y pousse, hormis quelques tiges de maïs faméliques que les autochtones s’échinent à faire pousser entre deux rochers avec une morne obstination.
Quant à la faune, elle se réduit à quelques bêtes, chèvres, porcs ou poulets, que l’on tâche de nourrir tant bien que mal, à défaut de pouvoir les engraisser. Ici, à Hua Nhàn, tout le monde doit travailler dur pour tenter de subsister. Les enfants grandissent entre ciel et terre, à l’image de la nature sauvage qui constitue leur principal environnement. Et lorsqu’ils atteignent leur maturité, c’est tout naturellement qu’ils suivent leurs parents dans les rizières. Une fatalité ? Pas si sûr, comme nous l’explique Giang A Lenh, le secrétaire de l’antenne du Parti communiste vietnamien de Hua Nhan.« Dans le passé, les Mong ne permettaient pas à leurs filles d’étudier. Ils pensaient qu’elles perdraient leur temps à l’école et qu’ensuite, elles ne pourraient pas trouver de situation. Mais maintenant, les filles vont à l’école, tout comme les garçons. »
Eh oui ! À l’école... Grâce au soutien d’une entreprise de papeterie, un collège a été érigé à Hua Nhàn, avec un dortoir capable d’accueillir 200 élèves. Pour les lycéens, par contre, ils doivent encore parcourir les 40 kilomètres qui les séparent du chef-lieu de la province. Oui, mais alors, quid des écoles maternelles et primaires, me direz-vous? Là, il faut bien avouer que les salles de cours, ou en tout cas les pièces qui en tiennent lieu, sont particulièrement mal équipées. Et lorsque le froid hivernal sévit, elles sont franchement inutilisables. Il n’empêche. Les enseignants font leur possible pour maintenir les activités scolaires, avec l’appui des autorités. Mais ils doivent parfois déployer des trésors de persuasion pour convaincre les habitants de la commune de scolariser leurs enfants. Do Thi Lan, directrice de l’école maternelle de Hua Nhan :« Difficile, pour ces petits, d’aller à l’école ! Leurs parents sont souvent réticents. Mais il faut bien reconnaître que le chemin est parfois difficile, et très long, dans certains cas. »
Difficile, c’est vrai, mais à force de patience et d’obstination, les enseignants de Hua Nhàn, dont on ne dira jamais assez à quel point leur métier s’apparente à un sacerdoce, ont réussi à faire évoluer les mentalités. Giang A Lenh, encore: « Les effectifs sont plus élevés que les années précédentes. C’est grâce à l’appui de l’Etat et à la bonne volonté des parents. Il ne s’agit évidemment pas de former de futurs cadres, mais simplement des hommes et des femmes capables de prendre leur avenir en main. »
Il n’y a pas si longtemps, les Mongs se refusaient à croire que les études puissent être utiles. Mais désormais, ils comprennent qu’un enfant instruit aura tout simplement davantage de possibilité qu’un enfant qui ne l’est pas.
Tout récemment, une nouvelle salle de cours, très bien équipée, a été construite à Hua Nhàn, par « Vietnam Enfance et Santé », une association caritative française. Nguyen Huu Nghia, son représentant :« Ma première impression sur Hua Nhàn? Paisible mais vraiment trop déshérité !... J’ai simplement voulu apporter un coup de main aux enfants, ici. Cette nouvelle salle de cours n’est qu’une modeste contribution. Espérons qu’elle sera exploitée efficacement ! »
Modeste ou pas, cette contribution aura en tout cas apporté un bel encouragement à tous ceux qui, depuis plusieurs années, se battent pour que la lumière du savoir, aussi ténue soit-elle, ne s’éteigne pas à Hua Nhàn.