(VOVWORLD) - Après les récoltes et avant l’accueil de la nouvelle année lunaire, les Pako organisent une cérémonie au cours de laquelle ils installent un fil marquant leur gratitude envers le génie de la montagne. Pour cette communauté ethnique vivant dans l’ouest de la province centrale de Quang Tri, c’est une tradition pluriséculaire…
La fête du lien divin envers le dieu de la montagne dans le village d'A Liêng |
Nous avons rendez-vous à A Liêng, un village du district montagneux de Dakrông. Dès le petit matin, tous les villageois en costumes traditionnels se rassemblent dans la cour du village. Au milieu de l’espace, trône une perche rituelle en bois solide. Un fil de pêche est attaché de la perche jusqu’à la maison de culte des Kray, symbolisant le lien divin avec le dieu de la montagne.
Les offrandes étant prêtes, une chèvre est attachée au pied de la perche. Hô Xuân Van, le patriarche du village et chef du clan des Kray, se met devant le plateau d’offrande, tenant dans sa main un tissu traditionnel. Il exprime la gratitude des villageois envers les génies de la montagne, de la rivière et du soleil, et sollicite leur bénédiction pour que la communauté vive en paix et dans le bonheur, que les maladies disparaissent et que les familles et les affaires prospèrent.
«C’est une tradition transmise de génération en génération. Pour nous, les Pako, la gratitude est une vertu essentielle», partage Hô Xuân Van.
Le dieu de la montagne qui protège les Kray en particulier et les Pako en général dans le village d’A Liêng, siège sur le Plang, le mont le plus élevé de la région, comme nous l’indique Kray Suong, qui assiste pour la première fois à une telle cérémonie.
«Nous avons beaucoup appris des prédécesseurs et tenons absolument à préserver les belles traditions de notre ethnie», déclare-t-elle.
Cette fête est l'occasion pour les Pako de resserrer les liens communautaires |
La fête du lien divin envers le dieu de la montagne des Pako est organisée tous les sept ou dix ans, en fonction des moyens de chaque clan. Les familles apportent chacune leurs offrandes, qui peuvent être un bœuf, une chèvre, un coq ou simplement du riz gluant ou du poisson cuit dans des tubes de bambou. Pour célébrer leur unité, les villageois marchent en rond autour d’un nouveau tissu traditionnel et dansent aux sons de gongs, de tambours et de flûtes autour d’un feu brûlant. Ils dansent ainsi toute la nuit et ne s’arrêtent qu’à l’aube, avec une cérémonie de prière pour la paix.
Kray Suc, un maître artisan émérite |
Selon Kray Suc, un maître artisan émérite, c’est l’occasion de renforcer la solidarité au sein de chaque clan et de chaque village Pako.
«C’est une fête très importante et significative pour les Pako, qui nous sensibilise aux mérites du dieu de la montagne et de la nature en général. Nous savons que c’est grâce à la bénédiction des divinités que nous pouvons vivre en paix et prospérer comme c’est le cas aujourd’hui. C’est pourquoi nous devons sauvegarder et valoriser cette tradition célébrant le lien divin avec le dieu de la montagne», affirme-t-il.
Bien que cette tradition ait failli disparaître en raison des évolutions de la vie, elle a été brillamment restaurée ces dernières années par la famille Kray et les Pako d'A Liêng. Ce retour aux traditions est bien plus qu'un simple événement rituel: il représente un moyen de transmettre aux générations futures le respect et la compréhension de la nature, tout en préservant un patrimoine culturel unique et profondément ancré dans l'identité du peuple Pako.