Le « ma nhét » - le baptême d’un nouveau-né Tày

(VOVworld) - L’existence d’un Tày est rythmée par quatre grands rituels : le baptême, le mariage, l’inauguration de la maison et les funérailles. Mais c’est le premier de ces rituels qui est considéré comme étant le plus marquant.

Le « ma nhét » - le baptême d’un nouveau-né Tày - ảnh 1
Les enfants Tày

Entendons-nous tout d’abord sur le sens du mot « baptême » qui a d’ordinaire une connotation chrétienne, qu’il n’a pas ici, où il désigne tout de même une sorte de bénédiction solennelle.    

Ce baptême, donc - appelons-le ainsi - a un nom, en dialecte Tày : « ma nhét », ce qui se traduit littéralement par « moche » en français. Surprenant, évidemment… En fait, il est de coutume que le maître de cérémonie - un membre du clan ou un chaman, en l’occurence - attribue au nouveau-né un pseudonyme peu valorisant, « moche » donc, censé repousser les mauvais génies. Mais les rituels en eux-mêmes sont avant-tout destinés à rendre grâce aux déesses de la fécondité et aux ancêtres qui ont permis que la naissance ait lieu sous des auspices favorables.  

Pour ce qui est des préparatifs, ils débutent très tôt, avant-même la naissance. Les uns recherchent un chaman ayant la main heureuse, les autres s’occupent du banquet qui sera offert aux invités après la cérémonie, ce qui n’est pas une mince affaire… Hà Van Vien, un folkloriste de la province de Bac Kan :

« Les riches peuvent même sacrifier un cochon pour l’offrir aux forces célestes. Les moins aisés peuvent se contenter d’un ou deux poulets. Mais il y a en tout une offrande indispensable pour ces premiers rites, le « cooc mo », qui ressemble à un petit croissant. »        

   

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Les "cooc mo". Photos : internet

Les rituels se composent de deux parties : l’une est dédiée aux déesses de la fécondité, l’autre correspond au moment où le nouveau-né devient officiellement membre de son clan. Hoàng Thi Hien, du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Bac Kan :

« Les rituels durent à peu près 5 heures. Il y a plusieurs parties, bien sûr… Tout se déroule sous l’égide du chaman. » 

Après avoir remercié les déesses, le chaman est censé leur demander d’avaliser le pseudonyme du nouveau-né, lequel lui aura été au préalable révélé par divination.  Hoàng Thi Hien, toujours :     

« Ensuite, c’est le « khai buon ». On demande aux forces célestes de bénir le nouveau-né. Après, on tend un hamac pour y mettre le bébé : c’est le rite de la berceuse. »      

Le nouveau-né, qui est tout de même le héros du jour, est particulièrement gâté par ses grands-parents. Hà Van Vien, cette fois :    

« Chacun offre un tube de bambou rempli de riz gluant, une poule à pattes jaunes et à plume de couleur unie. La grand-mère maternelle apporte quant à elle un sac à dos de portage pour le bébé qu’on amène sous le soleil, ce qui est censé lui garantir une bonne santé !...»

Le porteur du bébé est lui-aussi minutieusement choisi. Il doit être pieux, mener une vie aisée… et ne pas avoir les bras qui tremblent ! Après avoir exposé le bébé au soleil - pas trop tout de même ! - , il le passe à la grand-mère paternelle. Celle-ci a une mission peu spéciale ! Elle promène son petit-enfant et distribue les « cooc co » au premier venu, en échange d’une toute petite somme symbolique. Après quoi, c’est l’heure tant attendue du festin, car chez les Tày, pas de cérémonie sans beuverie, et honni soit qui mal y pense !...  

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