Les costumes des femmes Cao Lan
Lê Phuong -  
(VOVWORLD) - Les Cao Lan sont l’un des deux sous-groupes de l’ethnie San Chay,
qui compte 170.000 âmes, essentiellement dans le Nord-Est du Vietnam.
Nous nous intéressons aujourd’hui aux Cao Lan qui ont élu domicile dans
la province de Bac Giang, et plus précisément à la tradition
vestimentaire des femmes Cao Lan, qui n’a pas changé jusqu’aux années
1960.
Photo tuyengiao.bacgiang.gov.vn
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Pour les femmes Cao Lan, le papillon est le symbole de la beauté. Leurs vêtements sont d’ailleurs aussi colorés que les ailes de papillon, explique Nguyên Thi Mai Thanh, conservatrice au musée de la province de Bac Giang.
«Les femmes Cao Lan portent une tunique couvrant leur cache-seins. Leur jupe est de couleur indigo. Leurs jambes sont couvertes d’une bande de tissu dont l’extrémité est une brocatelle. Elles couvrent leur tête d’une autre bande de tissu», indique-t-elle.
Ce couvre-chef dont nous parle Nguyên Thi Mai Thanh est en fait un morceau de tissu indigo de 2m de long et de 40cm de large. Les femmes enroulent leurs cheveux dans ce tissu, dont les deux extrémités forment un nœud à l’arrière de la nuque, le nœud en question recouvrant leur chignon.
Au quotidien, leurs costumes sont de couleur indigo très foncé. La tunique descend au-dessous des genoux, et ses manches sont plutôt courtes et larges. Les bordures sont décorées de morceaux de tissu carrés blancs. En l’absence de boutons, les Cao Lan utilisent deux bandes de tissu, une verte et une rouge, en guise de ceinture. Les bordures du col sont quant à elles couvertes de morceaux de tissu blancs et noirs, ces derniers étant brodés. La tunique comprend deux pans à l’avant, comme celle des femmes du bassin du fleuve Rouge, à ceci près que ces pans sont bordés de tissu blanc. Le dos, enfin, est brodé de motifs de grand format. Toutes les broderies sont faites à la main, affirme Trac Thi Ngon, brodeuse émérite du district de Luc Nam.
«Dans la confection d’une tunique, c’est la broderie qui prend le plus de temps. Rien que les fleurs nécessitent six jours. Les motifs traditionnels sont strictement respectés, ce sont en général des fleurs de canarium ou des anis étoilés. Le côté dos présente un banian avec des oiseaux sur une branche, ainsi que des fleurs de canarium», précise-t-elle. «Toutes les broderies sont réalisées sur des morceaux de tissu qu’on applique ensuite sur la tunique. Aujourd’hui, on fait tout ça à la machine, mais autrefois, tout était fait à la main.»
Le cache-seins des Cao Lan est de couleur blanche ou rouge. Il s’agit d’un tissu carré dont un angle est plié pour faire le col. Il se tient grâce à des fils attachés derrière la nuque. Les jours de fête ou lors de leur mariage, les femmes utilisent trois ou quatre ceintures en soie rouge qui leur donnent une allure gracieuse et coquette.
«La tradition Cao Lan veut que la femme qui se marie porte un cache-seins avec deux lacets. C’est très important. D’ordinaire, elle n’a pas besoin de cache-seins, mais le jour de son mariage, elle doit le porter. La femme qui se marie pour la première fois porte un cache-seins avec deux lacets. L’absence de lacets montre qu’elle a été mariée au moins une fois», explique Mai Thanh, conservatrice au musée de Bac Giang.
La jupe se compose de cinq morceaux de tissus cousus entre eux. Le haut de la taille est de couleur différente, souvent verte ou rouge. Des fils tressés sont insérés dans cette partie pour en faire une ceinture. Les femmes Cao Lan cousent également des fils tressés de cinq couleurs différentes sur la bordure inférieure de leur jupe qui descend jusqu’au mollet. Autrefois, elles allaient au travail avec un petit couteau attaché à la ceinture. Le porte-couteau était aussi décoré de fils tressés multicolores.
Aujourd’hui encore, les femmes Cao Lan couvrent leur mollet de tissu blanc décoré de brocatelles dont le tissage exige une grande habileté puisqu’il s’effectue sur un métier à tisser plus petit que les autres. Seules les femmes les plus habiles maîtrisent cette technique.
Mais de nombreuses femmes Cao Lan continuent à tisser et à broder leurs vêtements. Elles tiennent à cette tradition qui les relie à leurs ancêtres et qui fait leur identité.
Lê Phuong