(VOVworld) - Les Muong, encore et toujours, avec pour aujourd’hui, les mariages traditionnels.
De nos jours, les parents Muong ne choisissent plus l’époux ou l’épouse de leur enfant. Ce sont les jeunes qui décident eux-mêmes. Ouf ! Mais qu’on se rassure tout de suite, tout ne part pas à vau-l’eau pour si peu ! Les préparatifs du mariage donnent aux amoureux de la tradition l’occasion de faire prévaloir leurs droits. Ils peuvent d’ailleurs durer très longtemps, ces préparatifs, voire même plusieurs années. En fait, les Muong se réunissent très souvent, pour sélectionner le jour faste, pour informer les cousins et cousines de l’heureux évènement, pour établir tout un « plan de bataille » pour le jour faste… Bref, tous les prétextes sont bons, d’autant plus que toutes ces petites réunions s’accompagnent généralement de franches beuveries qui ne sont jamais qu’un prélude à celle qui marquera le jour des noces!... Bui Van Ban, un Muong de la province de Hoà Binh :
« Il faut que le futur époux commence par informer son clan de son projet de mariage. Tout le monde va alors se rassembler pour trouver un entremetteur, lequel doit être une personne prestigieuse de la lignée. Et - à tout seigneur, tout honneur - il convient d’offrir un banquet à l’entremetteur, auquel le futur époux va confier deux bouteilles d’alcool et un paquet de thé à remettre à la famille de sa promise. Ensuite, c’est au tour de la famille de la future mariée de se réunir pour décider si le mariage pourra se faire, ou non. »
Comme quoi ! Les jeunes sont libres de choisir… Oui, mais seulement jusqu’à un certain point, apparemment ! En tout cas, il faut bien comprendre que chez les Muong, l’entremetteur joue un rôle prépondérant. Véritable ambassadeur de la famille du futur époux, il fait la navette entre les deux camps. Et comme il se doit, sa venue est dignement célébrée avec une bouteille d’alcool, de part et d’autre. L’histoire ne dit pas si les « négociations » s’en trouvent accélérées, mais force est de constater que chez le Muong, l’alcool réchauffe décidement les cœurs et les âmes !
La tradition des cadeaux de mariage persiste toujours chez les Muong. Mais attention ! Seule la famille de la mariée a le droit d’être comblée de présents. Alors si vous êtes un jeune Muong désireux de convoler en juste noce, sachez qu’il en coûtera à votre famille un bufflon, dont l’oreille doit être aussi longue que la corne, une corbeille remplie de gâteaux de riz sans farce - censée symboliser la pureté de la jeune fille -, une jarre d’alcool à boire au chalumeau ou 60 litres d’alcool de riz, 60 kilos de riz ordinaire et 40 kilos de riz gluant, deux paniers de feuille de bétel et de noix d’arec, et l’indispensable petite somme d’argent qui achèvera de vous acheter la considération de vos beaux-parents.
Bui Van Vien est un entremetteur réputé chez lui, dans la province de Hoà Binh.
« J’ai 20 ans d’expérience ! Mon travail consiste à rendre visite à la famille de la jeune fille que l’on veut épouser, les bras chargés de cadeaux. Là-bas, je dois négocier avec tous les proches de la jeune fille et si les choses se passent bien, choisir un jour faste pour la cérémonie. Je retourne ensuite voir la famille du futur époux pour la tenir informée du résultat des courses. Si ce qui a été décidé ne convient pas, il faut tout recommencer. Sinon, c’est parti pour les noces ! Le rôle de l’entremetteur est très important. C’est lui qui établit le contact entre les deux familles. »
A la veille du mariage, le futur époux doit apporter des cadeaux qu’a demandés le clan de sa future. Mais il y a tout de même des exceptions, comme chez les Muong Bi du district de Tan Lac chez lesquels les cadeaux sont apportés le jour-même du mariage, étant entendu qu’il revient au marié de porter les paniers de feuille de bétel et de noix d’arec. Bui Van Ban :
« La feuille de bétel et la noix d’arec sont incontournables. Mais il faut aussi penser à offrir de la canne à sucre, du porc et du poulet et… une petite somme d’argent pour la jeune mariée. »
Le jour du mariage, la jeune mariée est amenée chez son mari par une délégation conduite par un patriarche. Tous les membres de la délégation en question sont alors conviés à un banquet. Quant à l’entremetteur, il reçoit des cadeaux, en juste récompense de ses bons et loyaux services.
Autre tradition à connaître : la jeune mariée passe ses journées chez son mari, mais retourne chez ses parents le soir. Il lui faut attendre d’avoir donné naissance à son premier enfant pour pouvoir définitivement habiter chez son époux.
Voilà, vous savez maintenant, chers auditeurs, ce qu’il en coûte de vouloir épouser une jeune et charmante Muong. Il nous reste à féliciter tous ces jeunes époux pour ce parcours du combattant auquel ils se sont livrés et à leur souhaiter beaucoup de bonheur. Quant à nous, nous nous retrouvons la semaine prochaine pour de nouvelles pérégrinations ethnico-chromatiques.