(VOVworld) - Qua tang ou cap sac signifie « passage à l’âge d’adulte ». Ce passage est un rite particulièrement important chez les Dao. Chaque homme doit s’y soumettre, sauf à renoncer d’être considéré comme un adulte et d’être reconnu comme un descendant de Bàn Vuong, le génie suprême des Dao. Mais alors, en quoi consiste ce rite initiatique ?
Photo:dantocviet.vn
|
Des rites initiatiques, on en retrouve chez plusieurs groupes ethniques, les Muong, les Tày ou les San Chay par exemple. Mais seuls ceux qui veulent devenir maîtres des rituels doivent s’y soumettre. Chez les Dao Khau, notamment, tous les adolescents sont obligés de passer par-là. Pas de mariage possible à moins de ça !
Quand vient les jeunes garçons arrivent à l’âge propice, une cérémonie est organisée : c’est donc la qua tang. Cet âge propice n’est pas le même partout. Pour les Dao Rouges, il se situe entre 12 et… 30 ans ! Si, si, c’est vrai, à croire que ce sont de grands enfants ! Pour les Dao à tunique, c’est entre 11 et 19 ans. Chez les Dao aux sapèques, seuls les hommes mariés sont concernés. Mais ce sont les Dao Khau qui semblent les plus précoces, puisque sont considérés comme étant arrivés à l’âge adulte des garçons de 11 ou 12 ans.
« Les Dao Khâu estiment qu’un garçon est adulte lorsqu’il a atteint l’âge de 11 ou 12 ans et qu’il a subi tous les rites initiatiques, nous dit Tẩn La U, du musée d’Ethnographie de Lai Châu. Ils l’intègrent alors pleinement dans la communauté. S’il ne s’est pas soumis à ces rites, il ne pourra pas retouver ses ancêtres après sa mort et il faudra organiser une petite cérémonie supplémentaire le jour de ses funérailles. »
Autre règle à laquelle personne ne peut déroger : pas de qua tang, pas de mariage ! Tan Kim Phu, du district de Sìn Hồ, un district rattaché à la province montagneuse de Lai Châu, raconte : « C’est une règle pour tous les garçons ! Après la cérémonie, ceux qui sont capables de devenir maîtres de rituels seront reconnus officiellement et pourront exercer le métier. Sinon, mêmes les meilleurs sont recalés ! »
Le jour de la cérémonie est une véritable festivité. Tout le hameau se rend chez le garçon qui va passer à « l’âge d’adulte » pour le féliciter, mais aussi pour le festin qui accompagne l’évènement. Il faut savoir qu’une qua tang est très coûteuse et nécessite plusieurs jours de préparation.
« Il convient de choisir un jour ou une heure faste, dit Tan Kim Phu. Mais surtout, il faut préparer un vrai festin, en tuant une bonne dizaine de cochons, afin de régaler les invités et le maître de rituels. La tradition veut qu’un vrai banquet dure pendant les deux ou trois jours qui suivent la cérémonie, laquelle consiste en une série de rites importants et compliqués. »
Eh oui, le garçon pour qui est organisée la cérémonie, mais aussi les participants, sont invités à respecter une multitude de règles et de tabous : bien laver son corps, faire la charité, s’abstenir de manger de la viande, de tuer des animaux ou d’avoir des relations sexuelles.
« Tous les invités, hommes ou femmes confondus, doivent respecter les règles ancestrales. Il faut éviter les gros mots et mener un mode de vie ascétique dès les jours qui précèdent. » nous fait savoir Tan Kim Phu.
La famille du garçon doit inviter un maître de rituels. Le garçon - le héros de la cérémonie - est conduit devant l’autel principal. Puis, il doit « tomber » dans un filet minutieusement préparé, signe marquant sa « maturité ».
« Le filet est tressé comme une toile d’araignée et soutenu par trois, quatre personnes, indique Vi Văn An, ethnologue. Après le rituel du filet, le garçon mange un peu. Ensuite, c’est le rituel des lampes de culte. »
La cérémonie est ponctuée de musiques et de danses rituelles, des arts dans lesquels les Dao excellent.