Solidarité communautaire, quand tu nous tiens !

(VOVworld) - C’est en restant farouchement attachés à leurs mœurs et à leurs coutumes que les M’Nong ont réussi non seulement à préserver leur culture, mais aussi à maintenir cette grande et belle solidarité communautaire qui les caractérise si bien.

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Les M’Nongs se subdivisent en plusieurs sous-groupes. Géographiquement parlant, ils sont disséminés sur l’ensemble des Hauts Plateaux du Tây Nguyên, même si l’on observe d’importants regroupements à Dak Nong, à Dak Lac, à Binh Phuoc ou encore à Lam Dong. Luong Thanh Son, du musée d’ethnographie de Dak Lak :

« On distingue les M’Nong entre eux par certaines caractéristiques culturelles, bien sûr, mais aussi par l’habitat. Les M’Nong Rlam, par exemple, vivent toujours à proximité d’un cours d’eau, ce qui leur permet de pratiquer la riziculture inondée.   Les M’Nong Budang, eux, vivent dans la région de Buon Don, au pays des chasseurs et dresseurs d’éléphants. En ce qui concerne les M’Nong Preh, ils sont plutôt du côté de Dak Mil, alors que les M’Nong Prang et les M’Nong Gar sont près de Dak Nong et de Lam Dong, dans des endroits où ils peuvent pratiquer la culture sur brûlis. »

Polythéïstes, les M’Nong croient en des forces célestes. Les ancêtres protègent la famille, le génie du foyer entretient la flamme, celui du riz garantit de bonnes récoltes, alors que celui du tonnerre foudroie - évidemment ! - ceux qui osent enfreindre les tabous...

Mais au fil du temps, les coutumes évoluent, non sans un certain pragmatisme puisque, bien souvent, elles tiennent lieu de règles de vie communautaire, comme nous l’explique Nguyen Khanh Duy, ethnologue de son état.

« La chose à laquelle les M’Nong sont le plus attaché, c’est la solidarité. Du coup, ils ont établi des normes qui leur permettent de trancher en cas de litige. Quand ça arrive, un médiateur est désigné par la communauté. Son arbitrage est toujours respecté, mais ça suppose qu’il soit parfaitement instruit des coutumes en vigueur. »   

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Les bons comptes font de bons amis, dit-on… À ce jeu-là, les M’Nong font encore une fois preuve d’un pragmatisme à toute épreuve puisque lorsque quelqu’un se rend coupable d’une entorse aux règles de vie communautaire, il doit payer un tribut, non pas en espèces sonnantes ou trébuchantes, mais bel et bien sous forme de buffles, de porcs, de poulets, ou parfois même de gongs…    

Comme un peu partout au Vietnam, les personnes « méritantes » jouissent de certains privilèges. Mais alors qui sont-elles, ces personnes ? Des vieillards, des chefs de village, mais aussi, car sinon les M’Nong ne seraient pas tout à fait des M’Nong, ceux qui sont chargés de l’entretien des gongs…     

La notion d’échange joue un rôle pivot dans la vie quotidienne des M’Nong. Mais attention, il ne s’agit pas que d’échanges de biens… Il s’agit avant tout d’entraide communautaire. Concrètement, cela signifie que chacun est censé venir prêter main forte à son voisin lorsque le besoin s’en fait sentir. C’est le cas notamment pour les travaux agricoles, bien sûr. Mais l’équité est de mise, pour ne pas dire de rigueur. Si vous avez passé une heure dans le champ de l’un, vous devez passer autant de temps dans celui de l’autre : pas de jaloux ! Là où les choses se compliquent, c’est lorsqu’il est question d’échanges de biens. Comment faire, en effet, lorsqu’il n’ y a aucun étalon de mesure, du type monnaie ou or ? Eh bien qu’à cela ne tienne ! Les animaux sont mis à contribution et la valeur approximative des biens est estimée en buffles… Pourquoi pas, après tout ?   

Quid des cérémonies et des festivités ? Ama Phong, un M’Nong Rlam du district de Lac :

« Les règles ont quand même un peu changé, au fil du temps. Prenons l’exemple du mariage. Autrefois, la cérémonie et le festin duraient pendant deux ou trois jours, et tout le village participait à la noce. Aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus simples. En tout cas, après le mariage, c’est le marié qui va s’installer chez sa femme. Quant aux veuves, elles peuvent se remarier après la cérémonie d’abandon du tombeau de leur mari défunt. »

Les M’Nong d’aujourd’hui respectent donc toujours des règles que leurs ancêtres ont  établi. Pour eux, il y va de la survie de leur identité culturelle.     


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