(VOVworld) - De 1964 à 1972, le Vietnam a connu l’une des périodes les plus dures de son histoire, avec cette guerre qui n’en finissait pas de semer la mort et la désolation. Et pourtant, au Nord, qui était la cible des bombardiers américains, les enfants continuaient de vivre, tant bien que mal, et d’étudier, dans des conditions souvent précaires. En ce moment-même, à Hanoi, les éditions Kim Dong et l’agence vietnamienne d’information organisent justement une exposition photographique sur la vie des enfants durant toute ces années héroiques.
La rentrée scolaire. Photo: Duy Nhan/AVI
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Ce que nous entendons là, ce sont les explications données par Nguyễn Công Hùng à son fils de 8 ans à propos de toutes ces photos qui nous font revivre la vie si difficile qui a été celle des enfants pendant la guerre. A voir son fils regarder attentivement ces images, M Hung se dit qu’il y a un enseignement à en tirer. Lui-même est passablement ému en découvrant ces clichés qui nous renvoient à une époque où le simple fait de se rendre à l’école à pied pouvait tourner au tragique. Ici, la rentrée des classes se fait au milieu des cratères de bombes. Là, on voit des enfants pieds nus, coiffés de chapeaux de paille renforcés, censés les protéger des bombes à fragmentation. Mais ce qui frappe, c’est la gravité dans les regards, les sourires aussi, même lorsque la photo est prise dans un abri souterrain, et puis le décor, qui reste immuable, comme un défi, avec les drapeaux, les fleurs, les portraits de l’oncle Ho. "C’est par hasard que j’ai su qu’il y avait cette exposition", nous confie Nguyen Cong Hung. "J’y ai amené mon fils pour qu’il puisse voir quelles ont été les difficultés qu’ont endurées ses parents, et pour qu’il fasse des efforts dans la vie. La photo qui m’impressionne le plus, c’est celle qui nous montre des enfants révisant leurs leçons à l’entrée d’un abri souterrain. C’était vraiment une époque de privation, mais malgré tout, on continuait à s’instruire. Cette photo, en plus, elle est très naturelle, très spontanée, on a presque l’impression que la guerre est mise entre parenthèses."
La photo la plus grande, qui est d’ailleurs suspendue dans le hall d’entrée, nous montre deux fillettes portant ces fameux chapeaux de paille renforcés, s’apprêtant à partir pour l’école, semblant faire fi des déluges de bombes qui se déversaient sur leur pays. Leur candeur, plus désarmante que toute autre chose… Il faut savoir qu’à l’époque, les élèves creusaient eux-mêmes des abris souterrains et des tranchées. Les crèches, les écoles maternelles, les classes étaient toutes installées dans des abris souterrains solides. Les enfants avaient appris à faire des pansements, à cuisiner, à fabriquer du pain… autant de gestes de survie qui façonnaient leur quotidien. Dans leurs cartables, il y avait toujours une trousse de secours avec des pansements et des bandages… Et pour ce qui est de leurs heures d’études, force est de reconnaître qu’elles étaient le plus souvent interrompues par des alertes, par des explosions de bombes, par des bruits de canonnade… Il n’empêche. Ces enfants de la guerre continuaient à étudier, vaille que vaille, coûte que coûte. Lorsque les bombardements cessaient, on les entendait chanter. Nguyen Xuan Lien, qui est septuagénaire, nous explique que ces photos lui rappelle le moment où il a dû fuir la ville pour aller se réfugier à la campagne. Ce qui l’avait le plus marqué, alors, c’est justement le courage des enfants: "A cette époque, les enfants faisaient preuve d’un courage remarquable", nous raconte-t-il. "Lorsqu’il y avait un bombardement, on s’engouffrait dans les abris souterrains. Et lorsque c’était terminé, on remontait et la vie reprenait son cours normal."
L’une des choses qui retiennent l’attention des visiteurs, ce sont ces chapeaux de paille renforcés que nous évoquions un peu plus haut. Ces chapeaux, ils étaient tressés par les enfants eux-mêmes et souvent, leurs formes différaient. "Ce chapeau de paille est vraiment une bonne invention", nous explique Nguyen Xuan Lien. "A l’époque, ce n’était pas obligatoire, mais tout le monde en possédait un. D’une localité à une autre, la forme était différente."
40 années ont passé. Ces photos ravivent les souvenirs de ceux qui ont vécu leur enfance entre 1964 et 1972 et qui ont alors connu un quotidien de privations et de sacrifices, mais aussi d’espérance, un espérance que ni les bombes, ni les ruines n’ont réussi à arracher aux enfants.