(VOVworld) - En Thaïlande, la tension politique est de plus en plus vive. Chaque jour, des milliers de partisans et d’opposants du gouvernement descendent dans la rue. Le pays n'avait plus connu de protestation d'une telle ampleur depuis 2010, date à laquelle une crise sanglante avait alors fait 90 morts. L’opinion publique s’inquiète d’un mauvais scénario qui pourrait se répéter pour le gouvernement de Yingluck Shinawatra. Réputée comme une femme politique habile et modérée, pourra-t-elle toutefois mettre un terme aux manifestations et sortir le pays de la crise ?
Manifestants anti-gouvernementaux ce lundi 25 novembre dans la capitale thaïlandaise Bangkok. Source: REUTERS/Damir Sagolj
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Le gouvernement d’Yingluck Shinawatra devait faire face ce mardi, au parlement, à une motion de censure déposée par l’opposition dans le but de le renverser.
Thaksin Shinawatra, responsable de toutes les divisions sociales en Thailande
La nouvelle crise politique a été déclenchée après que la Première Ministre Yingluck Shinawatra ait tenté de faire adopter la loi d’amnistie controversée. L’opposition redoute en effet que cette proposition de loi permette le retour du frère de la cheffe du gouvernement, l’ancien Premier Ministre en exil, Thaksin Shinawatra, lequel avait été renversé en 2006 et condamné en 2008 à 2 ans de prison pour malversations financières. Bien que cette proposition de loi ait été rejetée par le Sénat, la campagne anti-gouvernementale perdure. Il semblerait que le présent projet de loi serve de prétexte pour attiser les contradictions qui couvent depuis longtemps dans la société thailandaise.
La Première Ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra.
Source: REUTERS/Damir Sagolj
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On constate que certaines informations concernant le Premier Ministre renversé Thaksin Shinawatra restent toujours tabou et ce, alors même qu’il est en exil. C’est lui qui est responsable de la division sociale et des instabilités politiques en Thailande depuis plusieurs années. Thaksin Shinawatra est populaire dans les campagnes et parmi les pauvres mais il est contesté tant par la classe moyenne et urbaine de Bangkok que par l'élite proche du palais royal.
Ces dernièrs années, la Thaïlande a connu de nombreuses confrontations entre les chemises rouges (partisans de Thaksin) et les chemises jaunes (ses opposants). Ces confrontations ont causé le départ de plusieurs gouvernements et ont affecté lourdement l’économie et la vie des habitants. Malgré une victoire écrasante lors de son élection il y a 2 ans et un maintien au pouvoir plus long que ses récents prédécesseurs, Yingluck Shinawatra et son gouvernement ont, plus d’une fois, vacillé compte tenu des problèmes liés de près ou de loin à son frère Thaksin Shinawatra.
Un même scénario de 2010 se répète-il ?
C’est le parti démocrate de l’opposition qui est responsable des manifestations antigouvernementales dans la rue. Les tensions ont été accentuées quand plusieurs centaines de personnes ont investi lundi les ministères des Finances et des Affaires étrangères afin de pousser le gouvernement à démissionner. Ces récentes évolutions nous rappellent la répression sanglante qui avait été exercée en 2010 par le parti démocrate, parti au pouvoir à l’époque et qui avait fait 90 morts chez les chemises rouges. Face à cette situation, la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra a appelé les manifestants à faire preuve de retenue et a confirmé que son gouvernement n'utiliserait, en aucun cas, la violence contre la population. Elle a par ailleurs décrété la loi sur la sécurité intérieure à Bangkok et dans plusieurs provinces environnantes.
Epreuve pour la Première Ministre Yingluck Shinawatra
Des analystes craignent que les récentes évolutions forcent la Première Ministre à démissionner si une solution habile n’est pas trouvée. D’aucuns prétendent cependant que Yingluck Shinawatra pourra surmonter cette crise. Rappelons en effet que déjà en 2012, son gouvernement avait survécu à une motion de censure déposée par l’opposition, laquelle critiquait alors la faiflesse de son gouvernement dans la lutte anti-corruption. Il convient de souligner par ailleurs que son parti Puea Thai occupe la majorité à la chambre des représentants, ce qui permet de résister à cette censure.