(VOVworld)- La journée internationale contre la pauvreté est célébrée ce mercredi dans le monde entier. L’ONU a décidé de la placer cette année sous le thème “Mettre fin à la misère en favorisant l'autonomie et en construisant la paix”. L’élimination de la pauvreté figure parmi les 8 objectifs du millénaire pour le développement adoptés par l’assemblée générale des Nations Unies en 2000. Mais aujourd’hui, la crise économique mondiale actuelle pose de nouveaux défis, menaçant d’anéantir les succès de plusieurs pays dans cette lutte contre la misère.
Depuis plusieurs décennies, la communauté internationale focalise ses travaux sur le comment éliminer la pauvreté. Et bien que l’on fasse état de quelques succès comme l’achèvement avant terme de l’objectif d’élimination de la pauvreté, la crise économique et financière mondiale qui a éclaté aux Etats-Unis en 2008 et qui a gagné ensuite le monde entier, a minimisé les progrès mondiaux de lutte contre la pauvreté. On recense 1,3 milliard de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, 900 millions de personnes souffrant de malnutrition permanente et un milliard de personnes privées de vitamines et de minéraux, essentiels au bien être. Selon le bureau international du travail, la crise économique mondiale a fait plus de 30 millions de chômeurs depuis 2008, portant ce nombre à 220 millions. Pire encore, les jeunes occupent un tiers des demandeurs d’emploi. Le risque de chômage s’accentue alors que les politiques d’austérité menées par plusieurs pays affectent directement la sécurité sociale et aggravent ainsi le chômage.
Inquiétantes aussi, les constantes fluctuations du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, qui fragilisent les efforts pour sortir de la pauvreté. La population mondiale s’accroît alors que la production vivrière est en recul, ce qui conduit à une hausse incontrôlable du prix des denrées alimentaires. Les catastrophes naturelles, le manque de plantes souches, l’utilisation inefficace des sols, de l’eau ainsi que les instabilités et les conflits dans diverses régions… ont aussi des impacts. Selon un communiqué publié mardi par l’organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation, les besoins mondiaux en vivres dépassent actuellement les offres et la réserve vivrière mondiale est descendue au plus bas niveau depuis 1974. Si la réserve mondiale pouvait auparavant nourrir le monde entier en 107 jours, ce chiffre est passé aujourd’hui à 74. Entretemps, le monde doit faire face à une série de questions énergétiques difficiles. Les sols avec leurs réserves de pétrole, gaz et charbon, si abondantes auparavant, s’épuisent. Sur la terre, l’humanité est au bord d’une nouvelle crise énergétique. Les efforts des Etats Unis et des pays occidentaux pour obliger l’Iran à abandonner son programme nucléaire ont indirectement influencé le marché pétrolier mondial, provoquant un déséquilibre entre l’offre et la demande car la géopolitique joue un rôle primordial.
Le monde doit agir. Dans son message à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté cette année, l’ONU a estimé que la crise économique mondiale actuelle donne l’opportunité à une réforme intégrale. Le monde doit définir un nouveau processus pour garantir l’équité sociale et la croissance économique. Les gouvernements doivent créer un cadre d’actions pour palier au manque de vivres et d’énergie dans un avenir proche. L’ONU a établi 5 secteurs prioritaires: l’accélération des efforts pour atteindre l’objectif du millénaire de développement en matière de lutte contre la pauvreté au niveau mondial, l’octroi d’aides au développement aux pays les plus nécessiteux, l’élimination des charges sur les conditions d’emprunt, l’amélioration de la responsabilité et de la transparence et l’intensification des engagements en terme de durabilité. Mais au regard des évolutions actuelles, il sera difficile d’atteindre les objectifs fixés par l’ONU. La communauté internationale décaisse chaque année 75 milliards de dollars pour lutter contre la pauvreté. Les pays industrialisés y contribuent à hauteur de 50%, le reste provient du budget des pays en voie de développement. Mais la crise économique met à mal la santé de plusieurs pays touchés par le déficit budgétaire et les dettes nationales. Qui plus est, le manque de volonté politique de certaines puissances mondiales entrave la coordination d’action. À l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation célébrée mardi, la France a appelé à l’organisation d’une réunion d’urgence du forum de réaction rapide, un forum lancé par le G20 et qui réunit les élaborateurs de politiques agricoles mondiales afin d’empêcher la crise agricole, dans le but de définir des mesures contre la crise vivrière d’ici 4 ans. Mais cette réunion n’a pas eu lieu car les Etats Unis, président en exercice de ce forum, ne l’ont pas approuvée en jugeant qu’elle n’était pas nécessaire.
Selon les prévisions, la population mondiale passera de 7 milliards actuellement à 9 milliards en 2040. Vers 2030, le monde aura besoin d’au moins 50% de vivres de plus et 45% d’énergies par rapport au niveau actuel. A l’inverse, les conditions environnementales sont défavorables et 3 milliards de personnes pourraient tomber dans la pauvreté. La pauvreté ne peut être éradiquée que si tous les pays du monde conjugent leurs efforts. Cette lutte reste plus que jamais d’actualité./.