(VOVWORLD) - Face à l’entrée en vigueur ce 9 avril des nouvelles taxes douanières américaines, de nombreux pays tentent de négocier avec Washington pour en limiter l’impact. Annoncées le 2 avril par le président Donald Trump, ces mesures risquent de plonger l’économie mondiale dans une récession.
Le plan américain prévoit une taxe de base de 10%, appliquée depuis le 5 avril, suivie de droits supplémentaires allant de 20% à plus de 50%, selon les partenaires commerciaux, effectifs à partir de ce mercredi 9 avril.
Un choc pour l’économie mondiale
Les places boursières, y compris américaines, ont enregistré des pertes spectaculaires, certaines subissant leur plus forte chute depuis des années. En quelques jours, plus de 10.000 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont évaporés, témoignant de l’ampleur du choc. Des institutions financières internationales redoutent une récession globale dès cette année si la situation venait à s’aggraver.
Face à cette escalade, près de 70 pays ont exprimé leur volonté de négocier avec Washington, selon le représentant américain au commerce, Jamieson Greer. Le président Donald Trump s’est dit prêt à dialoguer, tout en maintenant le cap. Le 7 avril, il a affirmé rester ouvert aux discussions, tout en excluant toute suspension des mesures tarifaires récemment mises en place.
Dans ce contexte, la voie diplomatique s’impose comme une priorité pour de nombreux États et alliances économiques. Le Japon a annoncé l’ouverture de négociations ministérielles dans les prochains jours. Le Premier ministre Shigeru Ishiba, en première ligne sur ce dossier, se dit disposé à rencontrer personnellement le président américain.
En parallèle, la République de Corée a dépêché son ministre du Commerce, Cheong In-kyo, à Washington dès le 8 avril pour engager un dialogue direct avec ses homologues.
L’Asie du Sud-Est n’est pas en reste: confrontés à des tarifs particulièrement élevés, les pays de la région privilégient eux aussi la voie du dialogue, misant sur une solution diplomatique pour désamorcer les tensions. Le Premier ministre malaisien Ibrahim Anwar, président en exercice de l’ASEAN, a confirmé une mobilisation régionale.
«Ces taxes peuvent nuire à toutes les parties. Par une diplomatie discrète, nous avons obtenu un consensus pour engager un dialogue avec les États-Unis», déclare-t-il.
Mais les observateurs restent prudents quant aux chances de succès des pourparlers à venir. Les objectifs poursuivis par l’administration américaine — réduction du déficit commercial et relocalisation de la production sur le sol américain — sont ambitieux, complexes, et s’inscrivent dans le long terme.
Face à cette incertitude, de nombreux pays s’apprêtent à adopter une double approche: d’une part, élaborer des stratégies diplomatiques; d’autre part, préparer des plans de secours au cas où les discussions avec Washington n’aboutiraient pas.
La confrontation sino-américaine s'intensifie
Malgré ces efforts diplomatiques, le risque d’un conflit commercial mondial reste élevé, notamment en raison des tensions croissantes entre Washington et Pékin. En réponse à une taxe américaine de 54% sur ses produits, la Chine a instauré, dès le 4 avril, des droits de 34% sur les importations américaines. Donald Trump a immédiatement riposté en annonçant 50% de taxes supplémentaires, à quoi Pékin a promis de répliquer «jusqu’au bout». Pour Rintaro Nishimura, analyste au sein du cabinet Asia Group, un apaisement reste hypothétique:
«Le meilleur scénario serait que tout ceci ne soit qu’une stratégie de négociation et que Donald Trump et Xi Jinping puissent s’asseoir pour discuter et résoudre le problème. Mais pour l’instant, cela semble peu probable», dit-il.
Au-delà des turbulences économiques, ces tensions commerciales remettent en question les fondements du système international issu de l’après-guerre, dont les États-Unis sont le pilier (le système de Bretton Woods).
«Il est temps d’écouter ce que le reste du monde a à dire. Les États-Unis comptent, certes, mais ils ne sont plus seuls sur la scène internationale», met en garde Arancha Gonzalez Laya, directrice de l’École des affaires internationales de Sciences Po.
Aux États-Unis même, des voix s’élèvent contre cette stratégie jugée risquée. De nombreux experts redoutent qu’elle ne fragilise la croissance américaine et n’érode la crédibilité du pays auprès de ses alliés économiques.