(VOVWORLD) - Les Cao Lan sont l’une des communautés ethniques qu’abrite Ba Che, dans la province septentrionale de Quang Ninh. Si leurs mariages ne sont pas en soi très coûteux, ils sont strictement codés, et comportent des rites pour le moins originaux.
Les rites nuptiaux sont très sacrés pour les Cao Lan. Photo d'illustration |
Une fois que les deux familles ont convenu d’un mariage, elles font appel chacune à un entremetteur, qui est de préférence le petit frère du père, côté masculin et le petit frère de la mère, côté féminin. La délégation de la famille du futur marié se rend chez l’autre avec des cadeaux, dont les incontournables sont 500 grammes de cacahuètes et 10 œufs, fait savoir Luc Van Binh, un maître d’art de Ba Che.
“La délégation de la famille du futur marié demande à celle de la future mariée d’installer deux bols et dépose, dans chaque bol, quatre feuilles de bétel et deux billets de monnaie, peu importe la valeur nominale. Les feuilles sont déposées de façon à ce que les queues sortent du bol alors que les billets sont déposés transversalement”, précise-t-il. «Ensuite, l’oncle du garçon exprime, d’une manière très solennelle et en utilisant des mots choisis, sa volonté d’organiser avec l’autre famille un mariage en bonne et due forme».
S’il n’est pas d’accord, l’oncle de la fille ne touche pas aux bols. Dans le cas contraire, il les pose l’un sur l’autre et les deux familles se tiennent officiellement informées des dates de naissance des deux jeunes gens, en fonction desquelles le jour du mariage sera décidé. Une deuxième rencontre sera alors fixée, et la famille du garçon viendra avec 72 gâteaux de riz gluant pilé et 3 coqs castrés. Mais selon la tradition, une rencontre supplémentaire sera nécessaire, et la famille du garçon apportera cette fois-ci 24 gâteaux de riz, un litre d’alcool et un coq. Ce n’est que lors de cette troisième rencontre que sera arrêtée la date du mariage.
Le jour J, la délégation du marié, composée de 7 ou de 9 personnes, va chercher la mariée chez elle. La tradition veut qu’elle arrive dans l’après-midi, et que le futur époux passe la nuit chez sa future épouse, sans partager sa chambre. La tradition, dans sa version la plus stricte, exige de l’homme, pendant cette «nuit probatoire», qu’il s’abstienne de faire ses besoins et de sortir de la chambre qui lui est réservée. Pour l’aider à passer cette épreuve destinée à tester sa patience, une qualité indispensable au maintien de la fidélité conjugale, la famille d’hôte lui prépare à manger de la viande maigre avec du gingembre, un plat connu pour sa vertu anti-diarrhée…
Autre originalité: avant que la fille ne quitte ses parents pour entamer sa nouvelle vie de femme, son oncle entre dans sa chambre à coucher et lui fait comprendre, symboliquement, que comme elle est mariée et a sa propre vie conjugale, dorénavant ce lit, cette maison ne sont plus les siens…
La jeune mariée est accueillie chez son mari par un plateau rituel composé de deux bols, chacun contenant un morceau de foie de porc, de deux paires de baguettes, d’une bouteille d’alcool et d’un seul verre.
“Il s’agit d’une cérémonie d’enchantement. L’oncle du mari prend, avec sa main gauche et à l’aide d’une paire de baguettes, un morceau de foie et le donne à la mariée. Il fait de même avec l’autre main et l’autre paire de baguettes, vis-à-vis du marié. Il verse ensuite de l’alcool dans le verre et en donne à déguster aux jeunes mariés. Dans la culture traditionnelle Cao Lan, le foie de porc est un met précieux», explique Luc Van Binh.
Trois jours après le mariage, le couple rend visite à la famille de la femme, en étant accompagné obligatoirement par le garçon d’honneur, qui doit passer la nuit à la maison. Les parents de la femme donneront alors un festin auquel seront conviés tous les proches et lors duquel sera organisé un échange de chants. Le lendemain, la femme rentre chez son mari, accompagnée par sa demoiselle d’honneur et un autre échange de chants sera organisé. Bien des couples ont été formés lors de ces échanges de chants…