(VOVWORLD) - Le deuxième mandat de Donald Trump atteindra le cap des 100 jours le 30 avril. Selon les observateurs, ces trois derniers mois ont été marqués par des changements politiques majeurs au sein de l’administration américaine, tant sur le plan intérieur qu’international. Les récents sondages d’opinion révèlent un soutien fluctuant envers le chef de la Maison Blanche, mettant en évidence les obstacles majeurs auxquels il doit faire face pour mener à bien ses réformes ambitieuses.
Le port de Bayonne dans le New Jersey, aux États-Unis. Photo: THX/TTXVN |
Défis intérieurs
À la veille de ses 100 jours de mandat, un sondage diffusé le 27 avril par le NBC News Stay Tuned Poll indique que 55% des Américains désapprouvent la gestion présidentielle de Donald Trump, contre 45% qui lui apportent leur soutien. Un mois auparavant, ce taux de désapprobation s’élevait à 51%. Malgré cela, 60% des personnes interrogées considèrent que les États-Unis vont dans la bonne direction. D’autres enquêtes, menées notamment par CNN, le New York Times, le Washington Post ou ABC News, confirment une légère baisse de popularité par rapport au début de son second mandat.
Ces résultats suscitent des réactions contrastées au sein de la population. Les partisans de Donald Trump — lui compris — remettent en cause la fiabilité des méthodes employées, tandis que ses opposants y voient un reflet fidèle de l’opinion publique. Selon les observateurs, au-delà de la précision des chiffres, ces controverses révèlent les difficultés auxquelles l’administration devra faire face, ses orientations politiques restant encore floues.
D’après Carolyn Kissane, experte au Centre des affaires mondiales de l’Université de New York, les 100 premiers jours de Donald Trump ont été synonymes de remise en cause radicale des politiques traditionnelles américaines.
“Je pense que nous nous souviendrons des 100 premiers jours du deuxième mandat de Donald Trump comme d’une période de profond bouleversement pour les États-Unis, aussi bien dans la manière de gouverner que dans la place du pays sur la scène internationale”, constate-t-elle.
Sur le plan intérieur, l’administration Trump a été vivement critiquée, notamment après que le Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) a procédé au licenciement massif de centaines de milliers de fonctionnaires, imposé des coupes budgétaires drastiques et ordonné la fermeture de plusieurs agences fédérales. À cela s’ajoutent les inquiétudes croissantes des ménages américains face à l’envolée des prix, conséquence directe de la guerre commerciale déclenchée par Washington contre ses partenaires économiques. Toutefois, sur d’autres fronts — immigration, lutte contre la criminalité —, plusieurs analystes saluent les résultats rapides obtenus, comme le souligne Danielle Pletka, chercheuse à l’Institut américain d’entreprise.
“Dès ses premiers jours au pouvoir, Donald Trump a réussi à réduire drastiquement le nombre de passages illégaux à la frontière, sans attendre les 100 jours traditionnels. Les flux sont passés de plusieurs dizaines de milliers par jour à seulement quelques dizaines. C’est un élément clé car il prouve que ce problème peut être réglé. Ce qu’il faut, c’est la détermination du président, une détermination que Joe Biden, lui, n’avait pas”, affirme-t-elle.
Défis diplomatiques
En matière de politique étrangère, les 100 premiers jours de Donald Trump ont été marqués par des changements radicaux. Parmi les plus notables: la gestion des conflits russo-ukrainien et à Gaza, le dossier nucléaire iranien, les relations avec les alliés au sein de l’OTAN, ainsi que des déclarations inattendues sur l’annexion du Canada et du Groenland. Par ailleurs, l’administration Trump a mis en œuvre une nouvelle politique tarifaire affectant presque tous ses partenaires économiques.
Néanmoins, ces virages diplomatiques se heurtent à d’importants obstacles. Concernant le conflit russo-ukrainien, la promesse de Donald Trump de le résoudre “en 24 heures”, puis “en 100 jours”, est restée lettre morte. Malgré les efforts de médiation américains depuis la fin février, aucun accord majeur n’a été conclu, si ce n’est quelques trêves temporaires. De même, le délai de 90 jours fixé par les États-Unis pour renégocier des accords commerciaux avec leurs partenaires, afin de résoudre la question des droits de douane, illustre les difficultés de Washington à imposer ses nouvelles règles du jeu.
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, le 28 février 2025. Photo: Getty Images/TTXVN |
La question qui se pose désormais est la suivante: ces impasses diplomatiques pousseront-elles Donald Trump à revoir sa stratégie? Pour Emma Ashford, spécialiste au Centre Stimson (États-Unis), la ligne politique de Trump à l’international ne diffère pas fondamentalement de celle adoptée lors de son premier mandat (2016-2020). Fidèle à sa devise “L’Amérique d’abord”, il privilégie la démonstration de force pour atteindre ses objectifs. Ainsi, selon elle, les obstacles rencontrés ne devraient pas l’amener à changer de cap.
Matthew Dallek, professeur de sciences politiques à l’Université George Washington, partage cette analyse.
“Sur le plan politique, je pense que Donald Trump sera un peu plus prudent. Lors de son premier mandat, il avait tendance à changer d’avis sous la pression politique, comme lorsqu’il a fixé un délai de 90 jours pour suspendre les négociations commerciales sur les droits de douane. Cependant, je pense que l’administration Trump actuelle est plus audacieuse et déterminée à mettre en œuvre les politiques qu’elle souhaitait appliquer depuis longtemps”, estime-t-il.
La majorité des observateurs s’accorde à dire que si certains ajustements stratégiques pourraient avoir lieu dans la politique étrangère américaine, aucun bouleversement majeur n’est attendu. Ces politiques continueront néanmoins à peser fortement sur les relations internationales dans un avenir proche.