(VOVworld) – Le temps a passé. 38 ans, depuis la libération du Sud et la réunification nationale, le 30 avril 1975. Aujourd'hui, ils sont nombreux à apporter leurs contributions, même modestes, au peuple vietnamien. Pour certains anciens vétérans, cela fait figure de rédemption après la douleur qu’ils ont provoquée ; ils étaient alors des soldats américains.
Depuis 25 ans, Roy Mike Boehm retourne à Quang Ngai chaque année au mois de mars. Installé au pied du mémorial de Son My, l’ancien combattant américain joue du violon pour les 504 civils innocents massacrés en 1968 à Son My ; il joue pour que leur âme se repose en paix. Improbable, mais c’est ainsi seulement que Mike Boehm retrouve un peu de sérénité ; la culpabilité moins lourde, le péché allégé... Mike Boehm aimerait que se cicatrisent ses plaies de guerre. Depuis plusieurs années donc, il appelle les amis internationaux à se cotiser pour aider le village de Son My. Il y a tant à faire : construire des écoles, moderniser les équipements, loger pour les familles fragilisées de Quang Ngai ; pour les femmes, les anciens combattants et les victimes de l’agent orange.
A l’instar de Mike Boehm, le Président de l’association « Veterans For Peace » (VFP) fait le même travail pour panser ses blessures affectives. Durant la guerre américaine, Suel Jones était fantassin sur les fronts de Quang Tri en 1968 et 1969. De retour au Vietnam pour la première fois en 1998, quelle ne fut pas sa surprise après une certaine crainte, que de connaître un peuple peu rancunier, mais au contraire, altruiste et chaleureux. Rentré aux Etats-Unis, Suel Jones a parcouru les universités, les grandes villes américaines pour parler de l’agent orange, des séquelles de la guerre toujours d’actualité pour de nombreux Vietnamiens. Deux ans plus tard, c’est à dire, en 2000, il est revenu en tant que représentant du Comité international du village d’Amitié ; ce voyage marquant une série de va-et-vient entre les Etats-Unis et le Vietnam : "Tout le monde pense que la guerre au Vietnam est terminée, c’est vrai, mais elle a laissé tant de séquelles. L’agent orange, les bombes et mines continuent de fragiliser les populations. Ma tâche est d’informer les Américains de ce qui se passe actuellement au Vietnam, des drames toujours présents. Et je ferai tout mon possible pour cela."
Suel John (droite) au village d'Amitié
Photo: vovworld.vn
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30 ans après la réunification nationale, en 2005, Suel John et de nombreux autres vétérans de guerre ont rédigé une lettre ouverte et lancé une campagne de signature pour appeler à s’engager dans des activités pour la paix et l’amitié entre les deux peuples. Depuis 2008, les vétérans américains sont toujours aux côtés des victimes vietnamiennes de l’agent orange pour soutenir leur quête de justice. Mike Marceau, vice-président de l’Association américaine des anciens combattants pour la paix, qui accompagne depuis des années les victimes de l’agent orange, indique : "Nous nous efforçons de changer la conscience du peuple américain et de l’administration américaine. J’essaie de collecter de nombreuses preuves légales sur les séquelles de la guerre, sur la douleur des victimes vietnamiennes, pour les présenter au Congrès américain et avoir de l’aide. Il y a tant d’Américains qui aiment le Vietnam."
La délégation d'anciens combattants américains en visite au Vietnam en avril 2013 / Photo: vovworld.vn
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Les images du Vietnam d’il y a 40 ans sont restées dans la mémoire des anciens combattants ; ils se souviennent d’une terre de panique et d’atrocité. Mais aujourd’hui, 38 ans après la fin des combats et 18 ans après la normalisation des relations, les anciens soldats reviennent sur les zones de conflit, impressionnés par les évolutions. Bien sûr, ils connaissent l’absurdité de cette guerre-là, comme tant d’autres, bien sûr pour eux la priorité est le peuple à qui il faut atténuer les peines, redorer la mémoire. Ce qui émeut ces hommes, c’est l’altruisme du peuple vietnamien. D’ailleurs pour certains, le Vietnam est devenu comme une deuxième patrie, comme nous le confie Suel John : "Je dis souvent à mes amis que je suis né au Vietnam en 1968. Car ma vie depuis cette date porte les empreintes du Vietnam. Même si je ne ressemble pas aux Vietnamiens, mon coeur appartient au Vietnam."
« Nous ne pouvons pas changer le passé mais nous pouvons changer l’avenir ». Cette phrase dans la lettre ouverte que Suel John et d’autres amis américains ont envoyée au Vietnam en dit long... Agir pour une vie meilleure, effacer le complexe de la guerre pour l’amitié entre les deux peuples, telle est la route à suivre.