(VOVWORLD) - Les Cham, l’une des communautés ethniques du Centre du Vietnam, considèrent les danses comme un moyen de communiquer avec les divinités. Chaque mouvement raconte une histoire, chaque danse est liée à une divinité, et chaque geste est une porte ouverte sur un monde mystique...
La danse de l'éventail des Cham |
Le répertoire chorégraphique des Cham comprend 80 pièces vénérant autant de dieux selon leur croyance populaire, comme nous l’explique Dàng Chi Quyêt, un Cham vivant dans la province de Ninh Thuân.
«Nos danses traditionnelles sont transmises de génération en génération. Chaque danse célèbre une divinité et est accompagnée d’un jeu de tambour particulier. Toutes les femmes Cham savent danser, à force d’avoir regardé et imité leurs aînées depuis leur enfance», nous fait-il savoir.
Les danses reflètent les coutumes des Cham dans leur vie quotidienne et leur production. Les quatre danses principales sont la danse du paon, la danse de la jarre d’eau, la danse du foulard et la danse du feu.
Pour les Cham, le paon représente la joie et la chance. La danse du paon est ainsi indispensable lors des fêtes, avec un éventail pour principal accessoire.
La danse de la jarre d'eau, quant à elle, trouve ses racines dans la vie quotidienne, où les femmes Cham portent souvent sur leur tête des jarres d'eau, des poteries, des plateaux de fruits ou des paniers de riz en provenance des champs. Les Cham ont créé cette danse, en y intégrant habilement des éléments de la danse du paon, ce qui enrichit grandement l’expression de la chorégraphie.
La troisième danse importante est celle du foulard. Selon la tradition Cham, le foulard symbolise la pureté et la douceur des jeunes filles. Toutefois, la danse du foulard n’est pas uniquement féminine, les hommes y participent aussi. Les femmes exécutent des mouvements gracieux et fluides, tandis que les hommes adoptent des gestes plus fermes et plus vigoureux.
Quatrième danse importante: la danse du feu. Elle est réservée aux hommes et se déroule principalement lors du festival Rija Nagar (le festival du pays des Cham). Dans cette danse, les participants marchent pieds nus sur des braises, tout en maniant des fouets ou des épées, symbolisant ainsi la force et la détermination des hommes Cham dans la protection de leur village et de leur terre.
Dans la danse Cham, chaque mouvement suit des principes stricts. Par exemple, le corps doit toujours être maintenu droit, les jambes fermement rapprochées avant que l’on soulève les talons, et les bras ne doivent jamais dépasser le niveau de la tête. L'art de la danse Cham se déploie en harmonie avec la musique et le chant. Ce qui la rend encore plus envoûtante, c’est l’accompagnement des instruments traditionnels, qui sont considérés comme les prolongements des différentes parties du corps humain. Camry, un Cham de Ninh Thuân, nous apporte des précisions.
«Les instruments de musique Cham se répartissent en trois entités principales: le tambour ghinang, le tambour paranung et la trompette saranai. Le ghinang, constitué de deux tambours longs, symbolise les jambes humaines, tandis que le tambour paranung représente la partie centrale du corps humain et ses organes internes. La trompette saranai, dotée de sept trous, représente les deux yeux, les deux oreilles, les deux narines et la bouche», décrit-il.
Ka Phiu, un autre Cham de Ninh Thuân, nous présente la façon particulière des Cham de jouer des percussions.
«Les deux baguettes de tambour symbolisent les bras humains. Pour jouer du tambour, il faut maintenir le rythme, ce qui signifie qu'une personne frappe le tambour du côté du «yin» et une autre du côté du «yang». Du côté «yin», on frappe le tambour avec les mains, tandis que du côté «yang», on utilise les baguettes», précise-t-il.
L’art de la poterie des Cham |
Les danses Cham ne sont pas simplement des performances artistiques, elles sont le miroir vivant d’une civilisation, un héritage précieux qui résonne à travers les âges et enrichit le patrimoine culturel du Vietnam.